L’asphyxie par inhalation de monoxyde de carbone, continue d’endeuiller des familles en dépit des mesures prises par les autorités telles que la multiplication des campagnes de sensibilisation et le renforcement des opérations de contrôle des appareils de chauffage en vente sur le marché.
Alors qu’il ne se passe pas une semaine sans le signalement de nouvelles victimes, l’asphyxie par monoxyde de carbone est qualifiée désormais de problème de santé publique. En effet, le bilan des décès dus aux fuites de gaz, enregistrés tout au long de l’année 2019 et depuis le début du mois de janvier passé, rendu public hier par le département de la Protection civile, donnent le tournis.
Il s’agit ainsi, de 177 personnes ayant perdu la vie depuis le début de l’année 2019, victimes des asphyxies au monoxyde de carbone.
Le bilan a été communiqué hier, par le colonel Farouk Achour, directeur de l’Information et des Statistiques à la Direction générale de la Protection civile, qui a précisé que «177 décès, dont 32 depuis le 1er janvier 2020, ont été enregistrés suite à des intoxications au monoxyde de carbone (Co), à travers le territoire national», a-t-il déploré.
Faisant une comparaison avec les bilans d’avant 2019, le colonel Farouk Achour s’alarme quant à la hausse du nombre de victimes dont les chiffres augmentent crescendo.
Intervenant à l’occasion d’une journée de sensibilisation destinée aux représentants des médias, le responsable du département de la Protection civile, a avancé des statistiques détaillées où il a révélé que «les décès liés à l’inhalation du monoxyde de carbone (Co) sont passés de 100 cas en 2018 à 145 en 2019, alors que le nombre de personnes secourues, a été de 1849 en 2018 contre 2324 en 2019 et 336 depuis le début de la nouvelle année à ce jour», soulignant l’existence d’une tendance haussière du nombre de victimes.
Le colonel Farouk Achour a aussi fait un rappel des causes qui sont derrière les asphyxies par monoxyde de carbone comme le facteur humain et les appareils défectueux utilisés par les ménages. Il a ainsi déploré «le non-respect des mesures de sécurité obligatoires», comme «le manque de ventilation du domicile, la non-conformité à la règlementation en matière de fabrication des appareils de chauffage ainsi que l’utilisation d’autres non conçus pour cet usage». Le même responsable a déploré l’absence de la prise en considération par les particuliers d’une série de mesures telles que «le non recours à des spécialistes en installation des appareils en question et le non respect de l’obligation de leur entretien régulier, également par un personnel qualifié, avant d’observer que ces fréquents accidents sont évitables et qu’ils surviennent de manière disparate à travers le territoire national». Dans ce sillage et dans l’optique de sensibiliser quant aux dangers liés au gaz, la Protection civile a depuis le mois de novembre de l’année écoulée, mené une campagne de sensibilisation d’envergure nationale. «Pour endiguer les accidents multiformes liés à la saison hivernale, la Direction générale de la Protection civile a initié, depuis le 18 novembre dernier, une nouvelle campagne de sensibilisation nationale visant à inculquer la culture de la prévention au sein de la famille, en mettant l’accent sur la femme au foyer». De son côté, le directeur de la Prévention contre les accidents domestiques au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Khalil Hadj Mati, a qualifié les asphyxies par monoxyde de carbone de problématique de santé publique, assurant que «son ampleur aurait pu être plus importante n’étaient-ce les campagnes de sensibilisation», pour qui, les accidents de ce genre peuvent être évités avant d’insister sur la dangerosité du gaz. «Il est important pour nous de faire savoir aux citoyens que ces accidents sont évitables en prenant conscience que le monoxyde de carbone est un gaz insidieux, car, inodore, incolore et non irritant. Autant de caractéristiques qui le rendent dangereux et pouvant tuer sans que la personne ne s’en rende compte», a-t-il expliqué, avant de souligner l’importance de la culture de l’entretien» des appareils de chauffage.
Samir Hamiche