mardi , 28 mars 2023
<span style='text-decoration: underline;'>John Bolton, ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump</span>:<br><span style='color:red;'>Biden peut annuler la décision de Trump sur le Sahara occidental</span>

John Bolton, ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump:
Biden peut annuler la décision de Trump sur le Sahara occidental

Longtemps conseiller à la sécurité du président américain Donald Trump, John Bolton est revenu en longueur sur le deal américano-marocain concernant la reconnaissance américaine de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et la normalisation des relations entre Rabat et Israël dans une contribution publiée sur le magazine en ligne, Foreign Policy.

Sans complaisance et en connaissance parfaite du dossier, John Bolton a affirmé que le Maroc, soutenu par la France, a passé près de trois décennies à tenter d’empêcher la tenue du référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui, déclarant qu’»avec la France et d’autres alliés au Conseil de sécurité le Maroc a tenté, malheureusement avec un certain succès, de perturber l’application de la résolution 690 relative au référendum».
L’ancien conseiller de Trump affirme que «Rabat a fait une multitude de pseudo-propositions d’autonomie, dont aucune ne pouvait être acceptée par le Polisario», suggérant (globalement) un référendum où il fallait choisir entre une intégration au territoire (marocain) et une «autonomie». Pour les Sahraouis, «c’était une offre à prendre ou à laisser qui a toujours été inacceptable», a-t-il expliqué.
Bolton a rappelé que «du point de vue marocain, ce genre de processus de paix prétendue pouvait durer éternellement», signalant que «non seulement le Maroc contrôle militairement de vastes pans du territoire sahraoui, mais il s’emploie à envoyer des vagues successives de Marocains pour s’installer dans les territoires tentant ainsi de noyer la population sahraouie». Expliquant davantage la situation qui a prévalu dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, John Bolton a rappelé que «le Polisario n’a pas abandonné sa guerre pour un processus de paix, mais pour un référendum», comme stipulé lors du cessez-le-feu, approuvé par le Conseil de sécurité en vigueur en 1991.»Si le Maroc n’accepte pas un référendum, cela ne mérite pas un cessez-le-feu ou un faux processus de paix», a-t-il tranché. «Le Polisario vit un moment crucial et sa décision serait totalement justifiée s’il revenait aux armes», a clairement soutenu l’ex responsable de l’administration Trump.
«Pour le Polisario, la volte-face de Trump est plus que décevante», a-t-il noté faisant référence à l’annonce faite par le président américain sortant au sujet de la reconnaissance par son pays de prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette annonce, continue Bolton, a «brisé un engagement américain perçu comme inébranlable et que j’ai essayé de défendre et de faire avancer lorsque j’étais conseiller à la sécurité, bien souvent contre la volonté du département d’Etat qui tentait de trouver un moyen de renforcer le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental».
Très remonté contre le président américain qu’il accuse d’être incapable de traiter des questions politiques complexes, John Bolton affirme que «la reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental mine dangereusement des décennies d’une politique américaine soigneusement mise au point», a déploré, en outre, John Bolton.
Se rangeant derrière les arguments du sénateur américain pro-sahraoui James Inhofe, il a estimé que les Marocains et les Israéliens auraient pu normaliser leurs relations sans pour autant sacrifier le peuple sahraoui, mettant en avant une volonté de rapprochement existant de part et d’autre depuis des années et des relations officieuses plutôt «chaleureuses».
«La meilleure chose à faire pour Biden dès son investiture serait d’annuler la décision relative à la souveraineté marocaine. Ce ne sera pas facile étant donné les attentes, mal inspirées, du côté de Rabat et (d’Israël). Si Biden veut faire un revirement de 180 degrés, il devra le faire immédiatement après son installation, cela minimisera les dégâts», a soutenu Bolton.
Selon lui, Biden et ses conseillers pourraient dire que la volte-face de Trump était en cours d’examen, en «insistant sur le fait que le référendum reste un pré-requis pour que les Etats-Unis considèrent le problème sahraoui comme résolu».
L’ancien chef du National Security Council (NSC) pense que l’Algérie aurait dû être consultée par les Etats-Unis avant que l’annonce de Trump ne soit faite, au même titre que «le Polisario, la Mauritanie et d’autres pays concernés par la question».
«L’approche désinvolte (de Trump) visant à annoncer une autre victoire superficielle provoquera d’importants problèmes de stabilité au Maghreb», a-t-il ajouté.
«C’est ce qui se produit lorsqu’un amateur prend en main la diplomatie américaine», a-t-il relevé accusant Trump d’être incapable de traiter des questions politiques complexes et d’avoir une propension à faire des «deals», faisant allusion à son profil d’homme d’affaires.
«J’étais dans le bureau ovale le 1er mai 2019, lorsque le sénateur d’Oklahoma (James Inhofe) expliquait pourquoi il était en faveur d’un référendum. Trump lui dit alors qu’il n’avait jamais entendu parler du Sahara occidental et Inhofe répondit: Nous en avons déjà parlé mais vous ne m’écoutiez pas», raconte Bolton.
Il faut dire que la décision de Trump sur le Sahara occidental a rencontré un refus clair et massif un peu partout dans le monde à commencer par l’ONU dont le Secrétaire général a clairement déclaré que cette décision ne changera rien dans les positions et résolutions de l’organisation onusienne. Une position aussi tranchée par l’union Africaine, alors qu’au sein même des Etats-Unis dans les rangs aussi bien démocrates que républicains le même refus a été exprimé.
Synthèse Nabil.G