L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), entré en vigueur le 1er décembre 2005, après avoir été signé en 2002, est qualifié par plusieurs experts économiques d’être défavorable pour notre pays.
Des économistes ont estimé que cet accord engendre à l’Algérie, chaque année, d’importantes pertes financières. Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL), Ali Bey Nasri, partage cet avis et situe les pertes pour l’Algérie à plus de 2 millions de dollars annuellement, et un cumul de 25 milliards de dollars d’argent parti en fumée à fin 2019.
Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, a plaidé pour sa révision ou sa renégociation parce que, explique-t-il, l’accord est en total déséquilibre à la défaveur de notre pays.
«L’accord est en total déséquilibre et en défaveur de notre pays», a-t-il déclaré, appelant à sa révision «pour aller dans un sens d’équilibre profitable à l’Algérie».
Il a indiqué que cet accord est composé de 110 articles, toutefois, il n’y a qu’un seul qui concerne l’aspect commercial qui est mis sur la table. «Je pense qu’il est temps maintenant de passer à une deuxième génération d’accord plus conforme», a-t-il plaidé. Il a affirmé que l’Algérie a importé plus de 280 milliards de dollars de biens depuis l’UE entre 2005 et 2017, alors que le montant de ses exportations n’a atteint que 12 milliards de dollars, couvrant essentiellement des dérivés du pétrole, pour la même période. M. Nasri a indiqué que plusieurs domaines sont négligés par l’Union européenne, pourtant ils existent dans cet accord, tels que les transferts de technologies, l’investissement et la liberté de circulation des personnes.
«Je pense qu’il est temps maintenant de passer à une deuxième génération d’accord qui soit plus conforme. En d’autres termes, le revisiter et aller dans le sens de l’équilibre profitable aux deux parties», a-t-il déclaré. Pour l’intervenant, l’Algérie partage une part de responsabilités dans le déséquilibre de cet accord en sa défaveur.
«Nous n’avons construit l’attractivité de notre pays ; les Européens peuvent nous reprocher qu’ils ne peuvent pas venir dans notre pays à cause de l’absence d’une stabilité juridique, de l’existence d’un cadre répulsif, absence d’une législation de change favorable, en plus de la bureaucratie», a-t-il déploré. Il a affirmé que toute entreprise, pour qu’elle s’installe dans un pays, il faut l’existence d’une confiance. «Pour avoir de la confiance, il faut une stabilité et une visibilité, une chose que nous avons absolument mise de côté», a-t-il indiqué.
Pour ce qui est des pistes qu’il faut suivre pour rendre l’accord favorable à l’Algérie, l’intervenant a appelé à aller «vers une révision systématique de notre approche et de notre vision».
Il faut tenir compte des questions des délocalisations (des sites industriels et autres, ndlr) prévues par certains pays européens suite aux répercussions imposées par la pandémie du coronavirus et comment l’Algérie profitera de cette décision.
Ali Bey Nasri a affirmé aussi que l’Algérie doit donner des signes pour dire «que nous avons changé, qu’il y a une rupture avec une gouvernance passée et que nous allons intégrer dans un espace où il sera facile d’investir où il y aura de la confiance». Expliquant la raison pour laquelle l’Algérie négocie mal ses accords internationaux, le président de ANEXAL a indiqué que cela est dû à l’absence d’équipes d’experts spécialisés.
Samir Hamiche