Les pays du désormais Opep+ sont arrivés, sans encombres, à une nouvelle réduction de la production pétrolière. Un accord en avance par rapport au rendez-vous initial et qui confirme les difficultés grandissantes de ces pays qui voient leur principale rentrée de devises chuter inexorablement depuis maintenant un peu plus de six ans.
Il faut reconnaître cependant que ce dernier accord a un peu secoué les marchés et fait grimper les prix du baril au delà des 40 dollars. Des prix qui ne changent certes pas fondamentalement la donne, mais qui ont le mérite de freiner l’hémorragie. Car il faut se souvenir qu’il y a quelques mois seulement, le pétrole américain a chuté en dessous du zéro dollars. Une situation qui a paralysé le monde pétrolier et confirmé de manière irréfutable que désormais, il faut vivre avec un marché qui jouera jusqu’à la fin les yoyos et interroge sur l’avenir de cette énergie dans plusieurs pays.
Les Saoudiens qui ont opté, il y a un certain temps, pour un jeu dangereux croyant pouvoir tordre le bras aux Russes ont vite compris qu’ils faisaient fausse route et qu’ils ne peuvent avoir à eux seuls, le monopole total des prix. Pire encore, ils ont vérifié à leur dépens que cette politique risque de les laisser au tapis et que cela pourrait avoir de graves conséquences y compris sur leur économie mais aussi la paix sociale à l’intérieur même du royaume. La machine arrière totale de Ryadh a permis de reconsidérer le modèle même des négociations depuis cette fatale erreur, et ce sont les Saoudiens eux-mêmes, aidés par les Russes qui tentent aujourd’hui de trouver un point d’équilibre minima au marché.
D’un autre côté, et tout le monde en est convaincu, voir les prix retrouver des couleurs est quasiment impossible aujourd’hui. Les prévisions les plus optimistes parlent d’un possible rebond d’ici à l’année 2022. Autrement dit, cette deuxième partie de 2020 et toute l’année 2021 seront des années de crise. Cette crise post-coronavirus qui mettra du temps pour être digérée n’est pas pour faciliter les choses.
La récession qui a frappé les grandes économies de ce monde est beaucoup plus profonde que celle de 2008 où le monde économique a eu besoin de prés de 3 ans pour s’en remettre et trouver enfin des statistiques positives. Cette fois donc, alors que la crise est plus douloureuse que 2008, la remontée de la pente sera longue et éprouvante et il n’est pas dit que tout le monde pourra en sortir. Une situation qui aura pour effet immédiat d’impacter le marché pétrolier où l’offre continuera à être supérieure à la demande pour une très longue période.
Par Abdelmadjid Blidi