dimanche , 28 mai 2023
<span style='text-decoration: underline;'>La crise libyenne au cœur de consultations internationales</span>:<br><span style='color:red;'>Ballet diplomatique à Alger </span>

La crise libyenne au cœur de consultations internationales:
Ballet diplomatique à Alger 

L’espoir est donc permis de voir l’Algérie réussir dans son entreprise d’éviter un déploiement militaire en Libye et éteindre par la même les feux de la fitna, conséquence de la marche du général Haftar sur Tripoli.

Alger s’est retrouvé, hier, au centre d’un intense ballet diplomatique dédié au problème libyen. La décision du président turc de dépêcher des troupes dans ce pays en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Fayez El-Serraj, a précipité la recherche d’une issue pacifique à la crise que vit ce pays voisin de l’Algérie. Il est utile de rappeler, que la démarche turque a été dénoncée par tous les acteurs concernés de près ou de loin par le conflit libyen. L’interpellation du président de la République à l’annonce du déploiement militaire turc en Libye et la réunion du Haut conseil de sécurité consacré à cette question, a remis l’Algérie au cœur du jeu diplomatique, après qu’elle ait été quelque peu ignorée, durant les dix mois qu’avait duré la crise institutionnelle. De fait, Alger a repris l’initiative dans le dossier et marqué son ambition pacifique en portant secours aux populations libyennes à travers l’envoi vers ce pays de 100 tonnes d’aide humanitaire. L’acte a été apprécié à sa juste valeur et la visite, hier, du président Conseil présidentiel du GNA, Fayez El-Serraj, en témoigne. Il faut dire que Serraj qui a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Houari-Boumediene par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum et le ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud, a inscrit sa visite au même titre que l’Algérie, «dans le cadre des concertations permanentes entretenues avec les frères libyens et permettra d’échanger les vues sur l’aggravation de la situation en Libye et d’explorer les voies susceptibles de surpasser cette conjoncture difficile», indique un communiqué de la Présidence de la République. Il y a lieu de rappeler, que le président du Conseil présidentiel du GNA libyen, Fayez El-Serraj, était accompagné, lors de sa visite, du ministre des Affaires étrangères Mohamed Taher Siala, et du ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha. C’est dire l’importance du rendez-vous algéro-libyen, dont le résultat, espère-t-on à Alger, sera d’éviter un embrasement de la situation sécuritaire, avec ce que cela suppose comme «irakisation» du pays.
Cette visite qui suscite l’intérêt de l’ensemble des pays impliqués de près ou de loin dans la crise libyenne, a largement débordé sur une stricte bilatéralité pour intéresser la Turquie et l’Allemagne, pour ne citer que les deux pays qui ont eu à réagir, hier. En effet, le ministre turc des Affaires étrangères était attendu, hier, à Alger, pour une visite de deux jours a annoncé ledit ministère sur son site Internet. Ce déplacement au moment même où le président libyen, à la tête d’une importante délégation, se trouve à Alger, amène à penser que de sérieux efforts diplomatiques ont actuellement cours pour «dégripper» la situation et revenir à la table du dialogue inter-libyen.
L’espoir est donc permis de voir l’Algérie réussir dans son entreprise d’éviter un déploiement militaire en Libye et éteindre par la même les feux de la fitna, conséquence de la marche du général Haftar sur Tripoli.
Un autre acteur de poids qui ambitionne de trouver une solution négociée à la crise, s’est manifesté hier. Il s’agit de la chancelière allemande Angela Merkel qui a téléphoné au président de la République Abdelmadjid Tebboune. Dans l’entretien téléphonique qui a duré une demi heure, les deux parties ont «passé en revue le développement des relations bilatérales convenant de leur donner un nouveau souffle dans divers domaines, particulièrement le domaine économique», selon le communiqué, soulignant qu’au «plan extérieur, le Président et la Chancelière allemande ont procédé à un échange d’analyses sur la situation en Libye et les perspectives d’instauration de la paix dans ce pays frère», rapporte un communiqué de la Présidence de la République. Le Président Tebboune et la chancelière allemande Angela Merkel, ont noté, à ce titre, «une convergence des vues concernant l’impératif de trouver une solution politique à la crise libyenne, cesser le conflit armé et mettre un terme aux ingérences militaires étrangères». A ce propos, «Mme Merkel a adressé officiellement une invitation à l’Algérie en vue d’assister à la Conférence internationale sur la Libye prévue à Berlin», ajoute la même source.
La Chancelière allemande qui a également adressé une invitation au Président de la République M. Tebboune, pour effectuer une visite officielle en Allemagne, entend trouver en l’Algérie une voix forte et écoutée par l’ensemble des protagonistes du conflit libyen et au-delà, à savoir les pays étrangers qui apportent leurs soutiens aux factions en conflit.
Cette riche actualité régionale est loin d’être arrivée à son épilogue. L’on s’attend à d’autres visites d’officiels étrangers en Algérie, en attendant la fameuse conférence de Berlin, prévue dimanche prochain.
Yahia Bourit