Le ministre conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la Présidence de la République, Belaïd Mohand Oussaïd a tenu, hier, une conférence de presse, à Alger, où il a commenté un certain nombre de sujets liés à l’actualité nationale.
Face à un parterre de journalistes, le ministre a donné des précisions sur quelques questions traitées par la presse ces derniers jours, évoquant la lutte contre le coronavirus, la transaction de la Sonatrach au Liban et la question de la mémoire, entre autres.
Au sujet des messages offensants qui pullulent sur la toile, en réponse à une question sur des arrestations pour publication sur les réseaux sociaux, le ministre a mis en avant «la forte volonté politique à appliquer la Loi contre quiconque exploite les réseaux sociaux pour offenser les personnes et semer la Fitna».
Il a indiqué que les personnes impliquées dans la diffusion de messages offensants ont affaire à la Loi et seule la Justice est habilitée à trancher leurs dossiers conformément au Code de procédures pénales, adopté récemment par le Parlement.
Il a averti que «quiconque transgresse la Loi, fera face à la Justice, assurant néanmoins, que «l’Etat veillera à rendre justice à toute personne injustement accusée».
Evoquant certains cas, comme l’information fallacieuse sur la fermeture des stations-service qui «a provoqué une crise majeure», ainsi que d’autres cas «plus graves», il a appelé à «la responsabilité et au respect de la pratique de la liberté».
Dans le même sillage, M. Belaïd a souligné que les amendements proposés dans la mouture de la Constitution «ouvrent grand la porte aux libertés, notamment en matière de presse et son immunisation contre les dérapages pour sa protection et la protection des journalistes». Concernant l’ouverture de la Télévision publique à l’opposition, le ministre conseiller à la Communication a précisé que cette démarche «est à ses débuts et il faut faire preuve de patience», faisant état d’un «programme pour l’accès des représentants de l’opposition à la Télévision nationale, tant les partis politiques, et la société civile, que des experts et des compétences nationales».
Interrogé, par ailleurs, sur l’affaire de la transaction d’une filiale de la Sonatrach au Liban, M. Belaïd a indiqué qu’il s’agit d’un dossier libano-libanais. « Il s’agit en premier lieu d’un dossier libano-libanais ; la justice algérienne se chargera du volet concernant l’Algérie », a-t-il précisé.
Et d’ajouter : «le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait instruit le ministre de la justice d’ouvrir une enquête sur cette affaire et elle est en cours «. M. Belaïd a précisé que «ce qui est certain, c’est que l’Algérie en tant qu’Etat n’est pas impliquée dans de tels actes», qui concerneraient des individus», assurant que «la Justice suivra son cours et dévoilera la vérité».
Fonds détournés : La restitution engagée une fois les jugements rendus
S’agissant de la question liée à la récupération des fonds détournés, le ministre a indiqué, à la même occasion, que cette opération aura lieu une fois les jugements à l’encontre des accusés rendus. «Les fonds pillés seront récupérés, avec l’aide d’Allah, une fois les jugements définitifs à l’encontre des accusés seront rendus», a-t-il indiqué.
«Nous attendons le prononcé des jugements définitifs à l’encontre des individus (concernés). Des mécanismes de restitution des fonds pillés pourront, alors, être déclenchés», a-t-il ajouté, précisant que cette opération «est soumise à des procédures internationales qui ne sont pas simples».
Dans un autre volet, M. Belaïd a indiqué que le projet de loi de finances complémentaire (PLFC) pour l’exercice 2020 prévoit un prix référentiel du baril de pétrole de 30 USD contre 50 USD dans la loi de finances initiale.
A une question sur les répercussions de la réduction du budget de fonctionnement à 50% dans la LFC 2020, M. Belaïd a fait état d’«une profonde étude qui a pris en compte toutes les considérations à court et moyen termes».
«Une telle décision ne saurait être prise sans en étudier tous les aspects et les conséquences dans les différents domaines, et sans peser le pour et le contre», a-t-il souligné. A ce propos, M. Belaïd a assuré que la réduction des dépenses de fonctionnement à 50% était «une décision étudiée et non aléatoire, notamment au regard de la situation que traverse le pays».
S’agissant du financement des décisions qui auront un impact dans le cadre de la LFC 2020,
M. Belaïd a précisé que ce financement sera possible à travers «une réorganisation des dépenses». «Toutes les précautions ont été prises pour la mise en œuvre de toutes les décisions annoncées», a-t-il soutenu. Le ministre conseiller à la communication, porte-parole officiel de la Présidence de la République a fait observer, à ce propos, que la réduction des dépenses de fonctionnement «est une mesure qui vise essentiellement l’ajustement des dépenses de manière à financer toutes les opérations annoncées». Il a évoqué, dans ce sens «une réorganisation interne (des dépenses) avec maintien des salaires et pensions ainsi que tous les acquis sociaux et grands projets dans les secteurs stratégiques».
Au sujet de l’allocation de 10.000 Da, le ministre fait état d’un total de 300.000 personnes inscrites à ce jour, relevant que cette allocation sera versée avant l’Aid El Fitr.
«Concernant les opérations de solidarité en faveur des personnes impactées par la pandémie de nouveau coronavirus, le total des personnes inscrites pour bénéficier de l’allocation de 10.000 DA a atteint près de 300.000 personnes jusqu’à hier mardi», a précisé le ministre lors d’une conférence de presse. Soulignant que «cette allocation de solidarité sera versée dans les jours à venir, avant même l’Aid El Fitr», le Porte-parole de la présidence de la République a en outre indiqué que «700.000 familles, dont 74% dans les zones d’ombre, ont bénéficié de près de 22.000 tonnes de denrées alimentaires et des quantités considérables de produits détergents et des équipements médicaux», ajoutant que cette opération «est en cours».
Il a rappelé, dans ce cadre que «2.200.000 citoyens ont bénéficié de l’allocation de 10.000 DA, au titre du couffin de Ramadhan annuel, laquelle a été versée, la veille du mois sacré, sur les comptes ccp des concernés».
Constitution : le projet présenté à l’insistance des acteurs politiques et la société civile
S’agissant de la Constitution, M. Belaïd a indiqué que la présentation de l’avant-projet d’amendement constitutionnel «est venue en réponse à l’insistance répétée de certains acteurs politiques et représentants de la société civile», appelant à éviter «les a priori sur le timing».
Lors d’une conférence de presse, M. Belaïd, a indiqué que «la présentation de l’avant-projet de révision de la Constitution est venue en réponse à l’insistance répétée de certains acteurs politiques et représentants de la société civile, en dépit de l’impossibilité de tenir des réunions publiques du fait de la propagation de la pandémie du coronavirus». Lors de sa dernière rencontre avec la presse, le Président de la République avait précisé que «son accord sur cette demande dépendait de l’engagement de tous à respecter les mesures préventives», a rappelé M. Belaïd ajoutant que «nul besoin donc des a priori sur son timing».
Le Porte-parole officiel de la Présidence a ajouté que le seul but de la présentation de ce projet était de «mettre à profit la période de confinement pour prendre connaissance des modifications proposées et les débattre sereinement et profondément via les divers médias ou en visioconférence». «L’objectif est que l’Algérie ait une Constitution consensuelle la préservant de tomber dans l’autoritarisme et de vivre des crises à chaque fois qu’il y a un dysfonctionnement à la tête du pouvoir», a assuré M. Belaïd. Il a souligné, à ce propos que cette démarche «s’inscrit dans le cadre des revendications populaires pour un changement radicale du mode et pratiques de gouvernance à tous les niveaux et la restauration de l’autorité de l’Etat à travers la moralisation de la vie publique, la lutte contre la corruption et la prévalence de la compétence sur l’allégeance au service de l’intérêt général». L’avant-projet de l’amendement constitutionnel «n’est qu’une ébauche de révision, une plateforme de débat et une méthodologie de travail pour que le débat parte d’un document élaboré par une élite de grands professeurs en droit», a-t-il conclu.
Pour ce qui est de la lutte contre le coronavirus, le ministre a indiqué que tout manquement aux règles de confinement réduira à néant les efforts de l’Etat pour venir à bout de la pandémie, appelant les Algériens à respecter les règles de confinement pour venir à bout de la pandémie de Covid-19.
«Notre pays enregistre une évolution stable» de l’épidémie comme le montrent les statistiques quotidiennes qui révèlent un recul du nombre d’infections et une hausse du nombre de guérisons, prévenant toutefois que tout «manquement aux règles de confinement réduira à néant les efforts consentis par l’Etat» pour venir à bout de cette pandémie, d’où, a-t-il dit, la nécessité pour les citoyens de respecter les mesures préventives.
Après avoir rappelé que le confinement avait été prolongé de 15 jours supplémentaires,
M. Belaïd a dit que la responsabilité du citoyen était «primordiale». En effet, l’Algérie «était en passe de sortir de la zone de danger avant la levée partielle du confinement», mais la précipitation des citoyens et la forte affluence enregistrée au lendemain de cette décision ont amené les autorités à durcir à nouveau les mesures de confinement, a-t-il expliqué. «Nous vivons une situation inédite qui exige davantage d’efforts de la part des citoyens afin d’en sortir au plus vite», a-t-il soutenu, ajoutant que ceux qui ne respectent pas les consignes «sont responsables de l’aggravation de la pandémie et du retard de la dynamique de développement économique».
Interrogé enfin sur le lancement d’une chaine télévisée dédiée à l’histoire et l’institution du 8 mai, journée nationale de la Mémoire, M. Belaïd a affirmé que l’Algérie défendra de toutes ses forces la question de la «Mémoire», ajoutant que le message du Président à l’occasion du 75e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 était «très clair» sur ce sujet.
Il a souligné que «la mémoire algérienne est la propriété du peuple algérien et nous la défendrons de toutes nos forces», rappelant que le message du Président Tebboune à l’occasion du 75e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 était «très clair». Le Président Tebboune avait affirmé, à cette occasion, que la Mémoire demeurera toujours au premier plan de nos préoccupations dans nos relations extérieures, a ajouté M. Belaïd, soutenant que «le destinataire du message était connu». A l’occasion du 75e anniversaire des Massacres du 8 mai 1945, le président de la République avait décrété, dans un message à la Nation, le 8 mai de chaque année, Journée nationale de la Mémoire, de même qu’il a ordonné le lancement d’une chaîne télévisée nationale spécialisée en Histoire, qui constituera «un support pour le système éducatif dans l’enseignement de cette matière que nous voulons maintenir vivace pour toutes les générations».
Rappelant que «notre Histoire demeurera toujours au premier plan des préoccupations de l’Algérie nouvelle et sa jeunesse, une histoire que nous ne saurions, en aucun cas, omettre dans nos relations étrangères», M. Tebboune a invité les historiens à «élucider chaque recoin de cette étape et de toutes les autres ancrées dans la mémoire de la nation ( ) afin de rendre justice aux générations montantes dans le droit à la connaissance des détails du passé».
Synthèse Samir Hamiche
Synthèse Samir Hamiche