Le nouveau paradigme qui s’impose à l’exécutif Djerad est incontournable pour donner toutes ses chances à l’Algérie qui, faut-il le préciser, n’a d’autre moyen que de miser sur les énergies propres et renouvelables pour assurer son développement harmonieux.
L’ Algérie célèbre aujourd’hui le 49ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Le contexte économique et politique amène les responsables du pays à devoir adopter une vision novatrice de la donne énergétique nationale. La situation en 2020 est radicalement différente de celle de 2010 et constitue, à ce titre, un défi majeur pour le pays et les nouvelles générations. Il est question de rompre avec les attitudes rentières et engager le secteur de l’Energie sur une voie qui va bien au delà des hydrocarbures. Les experts sont en effet unanimes que l’ère du pétrole cher et stratégique est définitivement révolue. Même si l’Algérie conserve une véritable force de frappe économique à travers ses hydrocarbures, le paradigme qui devra être pris en compte consiste à élargir l’équation et parler désormais d’énergie. Et pour cause, le pays dispose d’une arme encore plus efficace que le gaz et qui peut replacer l’Algérie au cœur du dispositif énergétique mondial. Son potentiel d’ensoleillement fait d’elle l’une des futures puissances énergétiques de la planète.
Cette nouvelle conviction qui traverse toute la communauté des experts et semble concerner également le gouvernement est résumé par le Commissaire national aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE)), Noureddine Yassaa en une phrase : «La mise en place d’une politique énergétique nationale, qui définit clairement les besoins afin de répondre à la croissance de la demande à moyen et long termes, est indispensable».
L’organisation d’assises nationales sur la transition énergétique devient, de ce fait, une nécessité impérieuse. C’est ce que propose le Cerefe avec l’objectif de faire émerger un tissu industriel avec des taux d’intégration appréciables, le Cerefe estime que des instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique devraient être créés et éventuellement affiliés au Commissariat, conformément à ses missions. Un incubateur d’entreprises activant dans le domaine des énergies renouvelables(ENR) doit également être mis en place.
Ce sont là autant de propositions constructives qui attendent une volonté politique clairement exprimée pour donner à l’énergie solaire toute la latitude de devenir un axe central de la politique énergétique nationale. Cela passe par une loi qui ouvrirait le marché de la distribution de l’électricité au privé national, pour la production et la commercialisation de l’énergie issue de sources renouvelables avec accès au réseau de distribution, notamment la basse tension et ce, afin d’encourager l’autoconsommation dans les secteurs résidentiel, tertiaire, industriel, agricole et autres. C’est d’ailleurs l’une des propositions du CEREFE, mais qui ne constitue pas la seule piste de travail pour le gouvernement, appelé à trouver en urgence une stratégie à long terme susceptible de permettre au pays de réduire au maximum la consommation de gaz pour l’orienter vers l’exportation.
Le nouveau paradigme qui s’impose à l’exécutif Djerad est incontournable pour donner toutes ses chances à l’Algérie qui, faut-il le préciser, n’a d’autre moyen que de miser sur les énergies propres et renouvelables pour assurer son développement harmonieux. Il va de soi qu’il est inconcevable pour l’Algérie de devenir importateur net d’énergie. Il faut dire au passage que le pays a déjà accusé un très grand retard dans son programme initié en 2011. Partie pour produire plus de 22.000 MGH d’électricité renouvelable à l’horizon 2030, l’Algérie n’est qu’à 400 MGH de solaire dans son mix énergétique.
En ce 24 février 2020, les responsables politiques sont tenus d’en finir avec les hésitations et engager le pays dans une stratégie de diversification de ses ressources énergétiques. Le plan d’action du gouvernement ne manque pas d’ambition en la matière. Preuve que la volonté politique est bien là. Il reste à la traduire sur le terrain.
Nadera Belkacemi