vendredi , 31 mars 2023
<span style='text-decoration: underline;'>Crise économique et sociale</span>:<br><span style='color:red;'>Djerad appelle à une mobilisation générale</span>

Crise économique et sociale:
Djerad appelle à une mobilisation générale

Face à la crise que connait le pays, avec ses aspects économique et social, il est attendu des forces vives dont la société civile ainsi que le Hirak une mobilisation active pour apporter des solutions visant à construire la nouvelle Algérie.

Lors d’un entretien accordé, hier, à l’agence, un appel dans ce sens a été adressé par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, à l’ensemble des parties et notamment le mouvement populaire pour contribuer à la sortie de crise. M. Djerad, qui s’est exprimé à l’occasion de l’installation du nouveau président du Conseil national économique et social, a évoqué «une crise multidimensionnelle », appelant à cette occasion «à la participation plus active du mouvement populaire, principalement, dans la lourde tâche de construction de l’Etat rénové». Le Premier ministre a affirmé que la mobilisation de toutes les parties est plus que nécessaire afin de faire face aux défis ainsi qu’à la situation difficile sur le plan économique et social. Pour atteindre cet objectif, le mouvement populaire est appelé à y contribuer pour construire un Etat rénové.
Évoquant le Hirak, M. Djerad a estimé que l’occupation excessive de la voie publique n’apporte pas de solutions concrètes bien au contraire, assurant que la prochaine Constitution apportera beaucoup de changements.
«Il serait plus sage d’atténuer la tendance revendicative et l’occupation excessive de la voie publique, qui ne fait qu’aggraver davantage la situation actuelle sans apporter de solutions concrètes aux différents problèmes auxquels font face les citoyens et citoyennes », a-t-il affirmé.
Il a ainsi rappelé l’engagement du chef de l’État pour l’édification de la nouvelle république sous une matrice constitutionnelle qui consacre une transparence des élections, une réelle démocratie participative, une société civile forte, une classe politique représentative et une presse libre et responsable.
Il a indiqué qu’une solution apaisée à la crise se repose sur la sagesse, la compréhension et la mobilisation des forces vives de la Nation, affirmant qu’il faut faire face aux manœuvres qui visent à diviser les citoyens et attenter à la cohésion nationale. Le Premier ministre a affirmé que le gouvernement a inscrit son action dans le prolongement des revendications du Hirak.

Mise en œuvre du plan d’action du gouvernement

Par ailleurs, M. Djerad a affirmé que le gouvernement s’emploie à la mise en œuvre de son plan d’action et veille à faire avancer les différentes réformes destinées à consolider la cohésion sociale, améliorer la gouvernance et relancer l’économie.
Il a précisé que l’ensemble des départements ministériels ont finalisé l’élaboration de leurs plans d’actions sectoriels déclinés en mesures et actions», a-t-il relevé, soulignant que les différents ministères «s’attèlent d’ores et déjà à les mettre en œuvre selon un échéancier d’exécution précis».
Il a annoncé la mise en place de mécanismes de concertation, à l’instar du CNES et du Haut Conseil de la Jeunesse, dans le cadre de la nouvelle démarche du gouvernement qui privilégie le dialogue et la concertation autour des politiques publiques.
D’autres actions seront lancées telles que l’entame de la révision des textes en relation avec la lutte contre la corruption, la prohibition de l’immixtion de l’argent dans le champs politique, et dans le cadre du renforcement des mesures visant à préserver les deniers publics.
Il a annoncé aussi la création d’une inspection générale au niveau des services du Premier ministre, qui vient renforcer le dispositif de suivi, de contrôle et d’évaluation des programmes et politiques publiques. Dans un autre cadre, le Premier ministre a annoncé un Dispositif spécial pour coordonner la lutte contre la bureaucratie et, par ricochet, les passe-droits, la corruption et l’opacité. Il a ainsi annoncé des actions comme le développement de la numérisation dans l’administration publique. En matière de développement, il a annoncé enfin le lancement d’un plan d’urgence qui sera lancé incessamment pour prendre en charge les besoins des habitants des «zones d’ombre», en vue de réduire les inégalités de développement à travers le territoire national. Le plan d’urgence est élaboré sur la base d’une cartographie réalisée par le gouvernement pour identifier, pour la première fois, les zones d’ombre en Algérie, a-t-il expliqué, annonçant la distribution de 450.000 logements et aides d’ici fin 2020, dont 70.000 unités, tous segments confondus, seront distribués durant le mois de mars 2020″.
S’agissant du plan de lutte contre les accidents de la route, M. Djerra a affirmé que le gouvernement a mis en place une nouvelle politique de lutte contre les accidents de la route, orientée sur le durcissement des mesures coercitives et la pénalisation des auteurs à l’origine des accidents, notamment les conducteurs des véhicules de transport.
Les départements concernés sont instruits afin d’assurer l’ouverture des maisons de jeunes au-delà des horaires administratifs, tout en garantissant la disponibilité des moyens et des activités notamment au niveau des maisons de jeunes, des bibliothèques, à travers toutes les villes du pays».

Le gouvernement a hérité d’une situation catastrophique sur tous les plans

Interrogé sur le contexte économique et social actuel, le Premier ministre a relevé qu’au plan national, «l’état des lieux hérité de la gouvernance antérieure traduit de grandes menaces qui continuent de peser sur la situation économique et sociale du pays», faisant savoir que le Président de la République et le gouvernement «ont hérité d’une situation catastrophique sur tous les plans».
«Des institutions et une administration traumatisées par l’ampleur prise par la corruption qui a profondément affecté la sphère politico-administrative et qui a entraîné un accaparement des centres de décisions économiques et financières au profit des intérêts privés. Une situation financière du pays très fragile, marquée par de profonds déséquilibres au plan interne et externe», a encore soutenu le Premier ministre. Il a relevé, à ce propos, que les réserves de change de l’Algérie «ont baissé de plus de 116 milliards de dollars entre 2014 et 2019 et que le déficit du Trésor a atteint en moyenne un niveau de 10% du PIB». Il a évoqué aussi «un système de retraite en quasi faillite avec des déficits cumulés qui ont atteint, à fin 2019, 2500 milliards de DA et dont le financement est assuré par des avances du Trésor, ainsi qu’une fragilisation de la situation sociale de notre pays à travers les disparités dans le développement des territoires et de graves dysfonctionnements au niveau de l’accès des citoyens aux services publics de base». «Cette situation est traduite par l’identification, pour la première fois, des zones d’ombre qui a permis de constater que leur nombre a atteint plus de 15000 zones avec une population concernée de 9 millions d’habitants, soit le 1/5 de la population totale du pays», a précisé M. Djerad. Il a indiqué que «45% de ces zones d’ombre sont localisées dans les wilayas du Nord du pays avec une population impactée de 4,5 millions d’habitants, 48% de ces zones d’ombre se situent dans les hauts plateaux avec une population impactée de 3,2 millions d’habitants, 7% de ces zones d’ombre concernent les wilayas du Sud avec une population impactée de près de 1,3 million d’habitants».
Enfin et concernant le plan international et la conjoncture qui connait depuis quelques semaines une forte dégradation en rapport avec l’évolution de la situation liée au Covid-19, M. Djerad a souligné que cette situation impacte négativement nos ressources en devises et accentue les contraintes budgétaires déjà pressantes, ce qui nous interpelle pour l’adoption de mesures à caractère conjoncturel et structurel en vue d’aboutir au redressement de la situation financière.
Samir Hamiche