Bon nombre d’Oranais, surtout parmi les plus âgés, n’ont pas été surpris ni encore moins choqués par la récente annonce de rationnement de l’eau dans les robinets. « La fatalité légendaire finit toujours par rattraper la cité oranaise…», se lamente un vieux retraité racontant les anciennes corvées nocturnes pour le remplissage des baignoires et des jerricans. Après le régime de l’eau salée et les longues pénuries, l’eau potable H24 pour tous les oranais a été une belle réalité durant ces quelques dernières années. Mais depuis deux ou trois jours, l’eau du robinet est rationnée par la Société de l’eau et de l’assainissement d’Oran (SEOR) qui a indiqué que 130 secteurs hydrauliques seront soumis à une nouvelle plage horaire de 18 heures. La ville et ses périphéries seront donc approvisionnées de 5h du matin à 23h. La SEOR explique que ce recours au rationnement, est devenu «nécessaire» en raison d’un «déficit de production de l’eau dessalée livrée par la station d’El Mactaâ» ainsi que d’une «surconsommation» notoire enregistrée. Une explication qui semble apparemment logique, voire «acceptable». Mais il se trouve que le bon sens populaire ne l’entend pas toujours ainsi, voulant évidement connaitre les causes et les raisons de la baisse de production et de la hausse de la consommation en eau par les habitants d’Oran. A défaut de communication crédible et de transparence dans l’information, rares sont ceux qui peuvent porter un jugement de valeur sur cette décision de gestion de l’eau potable par l’opérateur concerné. Mais selon un expert proche du dossier, l’augmentation de la consommation ne serait pas due uniquement à la croissance démographique et à la hausse des besoins due à la croissance éventuelle de l’activité économique, Mais plutôt, voire surtout, au gaspillage et aux fuites sur le réseau de distribution qui n’a pas encore été totalement rénové. On se souvient par ailleurs que lors de l’inauguration de l’usine de dessalement d’El Mactaa, les panneaux de présentation affichaient fièrement des chiffres de production à moyen et à long terme qui dépassaient de loin les prévisions. Pour quelles raisons, ces données initialement annoncées ne semblent plus aujourd’hui correspondre à la réalité ? Quel est l’état des lieux réel de cette infrastructure de dessalement d’eau de mer aujourd’hui contestée et critiquée par certains spécialistes revendiquant la multiplication des barrages et des retenues dans la région ouest du Pays? Pourquoi le projet global de rénovation de tout le vieux réseau urbain de distribution d’eau potable, initié il y a déjà plus de vingt ans, n’aurait été que partiellement entamé ? Pourquoi le projet d’adduction au barrage de Gargar, le fameux MAO, connait aujourd’hui des travaux additifs de «correction» ou de «régulation» des flux d’alimentation qui n’ont pas été pris en compte dans la conception et les études initiales ? Autant de questions posées par le citoyen profane, pénalisé et frustré par l’absence de communication et de transparence qui règne pratiquement dans tous les segments du développement local…
Par S.Benali