En ces temps de pandémie, chaque sou pèse lourd, très lourd et plus lourd que jamais. C’est ce que n’ont pas manqué de vite assimiler les pays producteurs de pétrole qui ont décidé lors de leur dernière rencontre de changer totalement de braquet. Il faut dire que la chute des prix de l’or noir était descendue à des seuils intolérables qui menaçaient de tout faire sauter en l’air et, peut être même, de changer totalement le statut de ceux qui se croyaient immunisés contre toute crise financière.
Ainsi et pour rattraper le coup, les pays Opep et non Opep (Opep+) ont décidé de réduire de 10 millions de baril leur production journalière. Une réduction jamais connue dans l’histoire de l’économie mondiale. Plus incroyable encore, face aux hésitations du Mexique qui refusait de respecter son quota de réduction, ce sont les Etats Unis qui sont entrés en ligne pour prendre en charge la différence et encourager leur voisin du sud à se plier aux exigences de la réunion de l’Opep+.
On est donc dans une situation jamais vécue auparavant, puisque même les pays jusque là indisposés par tout ce qui est Opep ou semblable, ne veulent plus de cette dégringolade du prix du baril. L’économie en a beaucoup souffert, trop pour encore permettre de voir les choses se dégrader.
Autre grande surprise de cet accord, c’est de voir les deux pays (Arabie Saoudite et Russie) qui étaient derrière cette crise des prix pétroliers, prendre les devants et se placer aux premiers rangs pour tenter de renverser les courbes. Les deux grands producteurs n’ont pas réalisé, comme il se devait, le nouveau critère qui était venu tout chambouler, à savoir le coronavirus, qui a poussé des millions et même des milliards de personnes dans le monde à se plier au confinement décidé par les gouvernements. Un état de fait qui a totalement freiné l’économie mondiale et pratiquement gelé toute demande de pétrole.
Les Saoudiens qui voulaient jouer aux gros bras et briser les Russes, en augmentant de manière effrénée leur production, ont vite déchanté et vu leur économie sérieusement menacée au point de tout bouleverser dans un royaume qui multiplie les écarts et les erreurs. Car en plus de la chute drastique des entrées en devises à cause de la crise pétrolière, l’autre grande désillusion des Saoudiens vient de l’obligation de suspendre la « Omra » et peut être même le prochain hadj. Un autre manque à gagner dont pourrait ne jamais s’en remettre Riyad, engagée par ailleurs dans des guerres et des stratégies de leadership face à l’ennemi iranien qui lui coûtent déjà des fortunes et épuisent toutes ses trésoreries.
Par Abdelmadjid Blidi