70 ans de lutte, d’injustices, d’exterminations, de mépris, d’entraves. Au 21ème siècle, la Palestine n’en finit pas d’être broyée par la première puissance du monde, au servie des Israéliens.
D’une décennie à l’autre, c’est toujours l’ultime combat pour les enfants de la vallée du Jourdain et d’El Qods la sainte. Aucune révolution contre l’iniquité, la partialité et l’arbitraire n’aura autant duré, entrainant la Palestine dans un refrain né de l’apocalypse. Et aujourd’hui plus que par le passé, sous la houlette de Netanyahu et de Donald Trump, le problème palestinien nous ramène à une vision hallucinée de la guerre.
En accouchant une fois de plus d’un nouveau plan de paix bizarre, Donald Trump met les pieds à l’étrier pour définitivement sceller l’annexion de la Palestine. Un document concocté par son jeune et inexpérimenté gendre Jared Kushner, jetant le trouble sur toute la sphère politique mondiale, jusqu’à l’Union européenne dans toute son intégrité. Une «première» historique, une petite révolution à l’égard de ce que la famille Trump qualifie de «Deal du siècle» pour résoudre le conflit israélo-palestinien, mais que la communauté internationale traite «d’injuste». Même prononcée du bout des lèvres, cette réaction s’incruste dans l’histoire. En rappelant «son engagement ferme et unanime en faveur d’une solution négociée et viable prévoyant deux Etats qui tiennent compte des aspirations légitimes tant des Palestiniens que des Israéliens, et en respectant les résolutions pertinentes de l’ONU», les «27» se sont distingués, effarouchant l’allié Trump et projetant une douche glacée sur Netanyahu. On mesurera mieux l’étendue de cette position européenne commune lorsqu’on retiendra que l’irréductible et fidèle allié de Netanyahu, le Premier ministre hongrois Victor Orban s’était aligné au front européen, face à Trump et à son conseillé spécial Jared Kushner, l’architecte de ce plan de paix taillé sur mesure pour l’annexion de la Palestine.
Mais cette opposition de façade compromettra-t-elle l’application du «deal du siècle» ? Trop tôt pour répondre. Les 50 milliards de dollars qu’offre le plan américain pour le développement intégré de la Palestine, se sont effacés de l’esprit, totalement rejeté par les Palestiniens qui se préparent déjà au pire. Parce qu’il s’agit clairement d’un projet qui exhausse d’abord toutes les demandes, les rêves, les folies et les monstruosités qui germent dans la génétique des Israéliens. Un plan qui va raviver l’instabilité de la région, se démarquant entièrement des perspectives de paix entre Israéliens et Palestiniens, mais respirant les odeurs suaves de l’annexion des territoires arabes, voire d’El Qods que Donald Trump a déjà désigné comme «capitale indivisible et non négociable de l’Etat d’Israël». Rien que cette déclaration ouvre la route à l’oppression, la perpétue. Ce plan spectaculairement présenté à Washington comme un oscar planétaire, et en présence de Netanyahu en personne, diffuse surtout les odeurs de souffre. Celles de la guerre. Ne serait-ce que parce que la logique d’une négociation, «la partie forte n’abandonne jamais ses avantages, simplement pour des questions morales». Michael Sfard, un avocat israélien spécialiste des droits de l’homme et du droit de la guerre, qui exerce dans les territoires occupés et défend des civils palestiniens discriminés, n’hésite pas à démontrer que ce plan de la discorde n’appelle pas à la paix, parce qu’«il ne prévoit pas réellement un Etat palestinien. Lorsque vous lisez le document, insiste-t-il, vous vous rendez compte qu’il ne s’agit pas d’un Etat dont parle le document, parce que les Palestiniens ne disposeront pas du pouvoir de signer des traités, d’intégrer les institutions internationales telle la Cour Internationale de Justice. Ils ne pourront même pas contrôler l’entrée et la sortie des personnes et des biens». Et de conclure: «Ce plan vise à ce que Israël puisse s’assurer à, dans son territoire géopolitique, un groupe de personnes discriminera un autre, avec l’intention de maintenir cette discrimination dans le futur».
C’est donc le retour en force de l’apartheid légalisé. L’avocat rajoute même «qu’en parcourant «le plan du siècle», on a l’impression qu’un peuple indigène est mis à l’épreuve par les puissances occidentales, afin que celui-ci se développe suffisamment». Voilà pourquoi le plan de paix que les relents de la colonisation de la Palestine, en orientant les regards vers les 50 milliards de dollars, telle une carotte pour un lapin.
Personne avant Trump n’avait osé exprimer des idées belliqueuses envers la Palestine. Les 181 pages de ce texte tuent toute probabilité de paix. Les tentatives de ces 25 dernières années ont imposé. Les Palestiniens n’ont jamais été associés aux négociations. Un plan de paix qui débute par les désiratas de Tel Aviv, unilatéralement en faveur d’Israël, illégal en vertu des droits internationaux: «c’est Donald Trump qui vient de déposer le cercueil pour toute solution de paix à une entente entre deux Etats». Pascal Boniface, le célèbre Directeur Général de l’IRIS, l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, ne semble pas si bien dire.
Par Fayçal Haffaf