mardi , 28 mars 2023

La cruelle banalité de l’incivisme enraciné

La marche vers le progrès et la modernité, reste évidemment conditionnée par la mise en place d’un système de gouvernance débarrassé des lourdeurs et de la médiocrité cumulée par des décennies de dérives et de gesticulations inutiles d’un régime totalitariste et défaillant. L’anniversaire du Hirak algérien, mouvement populaire pacifique qui a permis de mettre un terme aux reconductions programmées du même pouvoir aux commandes, a été ici et une occasion pour bon nombre de débattre de l’état des lieux et des perspectives nouvelles offertes au pays pour sortir de la crise et de ses multiples impasses. Et pour une majorité d’observateurs avertis, la déstructuration de la société, le recul avancé des valeurs de la citoyenneté, l’absence de l’autorité de l’Etat dans certains domaines, le déficit de rigueur et de compétence dans la gestion des affaires locales, et bien d’autres tares et insuffisances, demeurent des questions urgentes à résoudre à travers différents outils et réformes, devant être mis en place en urgence. «Tout est de la faute de l’Etat et de ses dirigeants qui, depuis l’indépendance n’ont jamais su ni voulu éduquer le peuple et inculquer le respect des autres et le savoir vivre-ensemble…». Une phrase souvent entendue dans la bouche de certains «moralisateurs» qui en réalité, refusent quelques évidences liées à bon nombre de fléaux sociaux en constante progression. De la «petite rachoua» tolérée et acceptée même par de modestes citoyens voulant finaliser un dossier administratif quelconque, jusqu’à la Harga suicidaire au nom de la «mal-vie» et du chômage, en passant par la vente interdite du kif, la prostitution, le commerce illicite ou les «tricheries» pour une inscription sur une liste de relogement, bien trop de dossiers sont à traiter pour assainir quelque peu l’état des lieux de la société et freiner l’inversion des valeurs morales. La modernité ne se mesure pas seulement aux belles façades vitrées de grands immeubles, à l’embellissement des routes ou à la réalisation de grandes infrastructures. Mais il s’agit aussi d’assurer un intéressement collectif à la préservation du cadre de vie et au respect des règles et des valeurs élémentaires de la vie en communauté. Il suffit de regarder les tares et les dérives marquant notamment la circulation routière et le non respect des règles élémentaires de conduite et de comportement au volant, la violence physique et verbale dans les stades et les écoles, ou encore l’entretien de la propreté et de l’hygiène le long des rues de la Cité où le «crachat», le jet de mégot, de sachets vides, de canettes et bouteilles vides, n’étonne plus personne et entre dans la cruelle banalité de l’incivisme enraciné.
Par S.Benali