Après plus de 170 ans, ils ont enfin retrouvé leur terre qu’ils ont irrigué de leur sang pour que vive libre l’Algérie. Hier, 5 juillet, le plus grand jour de l’histoire de notre pays qui a consacré son indépendance, ils ont été enterrés sous cette terre qu’ils ont âprement défendue depuis que le premier soldat de la force coloniale ait mis les pieds en Algérie.
Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, Cheikh Ahmed Bouziane, chef de l’insurrection de Zaatcha, Cherif Bou Amar Ben Kedida, Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et d’autres de nos valeureux chahids de la première heure, qui ont été les précurseurs de la longue histoire de la résistance nationale, ont eu un hommage officiel et populaire digne de leur rang et de ce que leur doit la nation toute entière.
Ce sont ces hommes qui ont façonné le « kifah » des Algériens et ont bâti la grande révolution de novembre 1954 qui allait mettre fin à plus d’un siècle d’un colonialisme sauvage et hideux. Nous leur devons beaucoup. Nous leur devons tout. Aujourd’hui, nos Chahids peuvent enfin se reposer en paix parmi les leurs et sur cette terre qu’ils ont chèrement défendue.
Leur honneur, l’honneur de toute une nation et de tout un peuple libre et fier est aujourd’hui sauf. Ils sont enfin été libérés des griffes d’une France hautaine et revancharde qui a exposé leurs crânes pendant plus d’un siècle et demi au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.
Mais cela est loin de signifier que le dossier de la mémoire est soldé pour autant avec la France, car beaucoup reste encore à faire et les Algériens ne se détourneront jamais de leur histoire, de leur lutte et de toutes les souffrances que leur a causé la France coloniale.
Le chemin est encore long et la lutte encore âpre et difficile, mais au bout il faut que la vérité éclate et qu’elle soit le seul vainqueur dans la longue tragédie de notre peuple qui a vécu toutes les horreurs pendant 132 longues années d’exaction, de torture et de génocide.
Les massacres de la région de Zaatcha, les exterminations des populations dans toute l’Algérie, les tueries du 8 mai 1945, les essais nucléaires au Sahara et d’autres crimes coloniaux encore sont autant de dossiers de la mémoire qui doivent être soldés avec l’ancienne force coloniale jusqu’au repentir de la France pour tout ce qu’elle a fait subir au peuple algérien comme horreur, destruction et extermination pendant plus d’un siècle.
Par Abdelmadjid Blidi