De Marcel Cerdan, disparu sur le chemin de la reconquête de son titre (1949), à l’équipe de football brésilienne de Chapecoense, fauchée dans le crash de son avion en 2016, le sport a payé un lourd tribut à la fatalité.28 octobre 1949 – 48 mortsCrash du Constellation dans lequel se trouve le boxeur Marcel Cerdan« Le bombardier marocain » arborait pourtant son costume bleu, « celui qui [lui] porte chance » quand il prend l’avion.
Sa mort ne sera pourtant qu’une improbable suite d’événements contraires. Pour disputer sa revanche contre Jake LaMotta et reconquérir le titre mondial des moyens, le 2 décembre, Cerdan a d’abord prévu de prendre le bateau. Mais Édith Piaf, impatiente de le revoir à New York où elle se produit, le supplie d’opter pour le Constellation.L’avion d’Air France est plein mais un couple accepte de céder sa place au boxeur. Le mauvais temps sur l’Atlantique Nord oblige le pilote à bifurquer sur la route du soleil et les Açores. Peu avant 1 heure du matin, il annonce « temps clair, nous nous posons dans cinq minutes ». À 0 h 50, l’avion percute la montagne Pico da Vara, à 100 kilomètres de Santa Maria, où il était censé atterrir.4 mai 1949 – 31 mortsDisparition de l’équipe de football du « Grande Torino » dans la catastrophe de SupergaParmi les corps et les objets déchiquetés, les premiers badauds arrivés sur le lieu de la catastrophe, sur les pentes de la colline de Superga dans les environs de Turin, découvrent des maillots granata. Dans le brouillard, le trimoteur Fiat G 212 a percuté ce mont de la commune italienne de Moncalieri et décimé toute l’équipe du Torino dont « El Capitano » Valentino Mazzola et les deux Français Émile Bongiorni et Roger Grava.C’est même une grande partie de la Nazionale qui disparaît dans le crash, le Torino ayant alors renouvelé le football, sorte d’embryon du football total de l’Ajax et des Pays-Bas, vingt ans plus tard. Champion de 1943 à 1949 (le Championnat italien a été interrompu deux saisons en raison de la Seconde Guerre mondiale), le Torino reçoit l’hommage de 700 000 Turinois, le 6 mai 1949.6 février 1958 – 23 mortsCrash de Munich où une partie de l’équipe de football de Manchester United périt« J’y pense tous les jours. » Bobby Charlton, survivant de la catastrophe de Munich où périrent sept de ses coéquipiers, n’a pas oublié ce décollage manqué, dans la neige. La veille, les mômes du manager Matt Busby ont assuré leur qualification en demi-finales de la Coupe d’Europe des clubs champions contre l’Étoile Rouge Belgrade (3-3, 2-1 à l’aller).L’escale en Allemagne leur sera fatale, MU perdant un de ses plus beaux joyaux avec Duncan Edwards. Double champion d’Angleterre en titre, avec une équipe de gamins (22 ans de moyenne d’âge), Busby, également rescapé, rebâtit une équipe autour de Charlton. Dix ans après, il remporte, enfin, le titre européen. Une horloge, accrochée à la tribune sud d’Old Trafford, rend hommage aux victimes de Munich.15 février 1961 – 72 mortsL’avion de l’équipe de patinage américaine s’abîme en BelgiqueÀ quelques minutes du départ, la jeune Laurence Owen, seize ans et demi, championne américaine de patinage artistique, pose fièrement avec la délégation qui s’apprête à rejoindre Prague et ses Championnats du monde (22 au 26 février). Avec elle, la relève américaine et notamment Doug Ramsey (16 ans) et Bradley Lord (17 ans). Quelques heures plus tard, en approche de Bruxelles, où le Boeing de la Sabena vol 548 doit faire escale, « le patinage américain est décapité » (L’Équipe du 16 février 1961).Soixante-douze personnes décèdent pendant le crash, dont dix-huit athlètes américains et leur coach, Dean McMinn. Un fermier, présent dans son champ au moment de la catastrophe, est également tué. Les Américains, qui dominent la discipline depuis une dizaine d’années, militent pour que les Championnats du monde se tiennent. Les organisateurs tchécoslovaques y renoncent. Ils ne se dérouleront que l’année suivante, à Prague.3 avril 1961 – 24 mortsL’équipe de football chilienne Green Cross disparaît dans la cordillère des AndesPlus de cinquante après, la tragédie s’est rappelée à la population chilienne. Début février, des alpinistes ont découvert, à 3 200 mètres d’altitude, des morceaux d’un avion, ceux du Douglas DC-3 dans lequel une partie de l’équipe de football de Green Cross avait pris place, après son match de Coupe du Chili à Osorno.C’était le vol le plus direct, il coûta la vie à huit des joueurs dont l’international argentin Elisa Mourino (25 sélections). Le reste de l’équipe avait opté pour un trajet plus long, avec escales. Malgré la tragédie, le club décida de disputer le match retour, qu’il perdit. Faute de corps, un enterrement symbolique, « avec des cercueils contenant des cendres », eut lieu le17 avril devant une foule nombreuse à Santiago, la capitale.13 octobre 1972 – 29 mortsUne partie de l’équipe de rugby uruguayenne Old Christians décède dans le crash de son avion.C’est une des catastrophes aériennes les plus célèbres de l’histoire. Déjà parce que, parmi les 45 passagers, seize personnes survivent à la chute du vol 571 de la Fuerza Aerea Uruguaya dans la Cordillère des Andes. Et aussi, parce que ceux qu’on va surnommer « les Survivants » ne seront retrouvés que le 22 décembre, deux mois après la catastrophe.Pour rester en vie, à 3 600 mètres d’altitude, par – 30 °C, les hommes, abrités dans la carlingue, décident de se nourrir des corps des victimes. Deux d’entre eux se lancent dans une expédition à la recherche de secours. Ce qu’ils parviennent à faire, après dix jours et 110 kilomètres parcourus. Leur histoire inspirera la littérature et le cinéma.7 septembre 2011 – 44 mortsL’équipe de hockey du Lokomotiv Iaroslavl se tue au décollageL’avion de ligne Yakovlev 42, immatriculé RA-42434, s’est écrasé sur les berges de la Volga après avoir dépassé la piste de décollage de l’aéroport de Iaroslavl, en Russie, à la suite d’une erreur du pilote. À bord, parmi les 45 personnes, se trouve l’équipe de hockey du Lokomotiv Iaroslavl qui se rend à Minsk pour y affronter le Dynamo à l’occasion du premier match de Ligue continentale (KHL) de la saison.Quarante-trois personnes meurent sur le coup, deux survivent : un membre de l’équipage et la star de l’équipe Aleksandr Galimov. Ce dernier, gravement blessé, décédera le 12 septembre, rejoignant ses coéquipiers, l’international suédois Stefan Liv, champion olympique en 2006, et l’international tchèque Josef Vasicek, champion du monde en 2005.14 janvier 1986 – 5 mortsThierry Sabine se tue en hélicoptère lors du Paris-DakarPour cette huitième édition, l’organisateur du Paris-Dakar met régulièrement en garde les motards et les pilotes contre les dangers de la piste, toujours avec l’idée, depuis le 26 décembre 1978 et le premier départ de la place du Trocadéro, de « faire vibrer ceux qui partent et faire rêver ceux qui restent ».Ce 14 janvier, alors que la nuit tombe, Thierry Sabine, en compagnie du chanteur Daniel Balavoine, d’une journaliste, d’un technicien radio et du pilote, décide de rejoindre le bivouac, à une vingtaine de kilomètres de Gourma (Mali). Le vent de sable empêche toute visibilité verticale et l’hélicoptère, qui se guidait avec les feux de position des concurrents, percute vraisemblablement la cime d’un arbre. Sans son fondateur, le Rallye ira au bout, jusqu’à Dakar.27 avril 1993 – 30 mortsL’équipe de football de Zambie périt en merQuelques jours après avoir battu l’île Maurice (3-0), la Zambie s’apprête à rejoindre Dakar pour y affronter le Sénégal en éliminatoires de la Coupe du monde 1994. Mais quelques minutes après le décollage de l’aéroport de Libreville (Gabon), le CT 15 Buffalo de l’armée zambienne s’abîme en mer, tuant notamment dix-huit joueurs et cinq dirigeants des « Chipolopolos ».