Depuis le premier coup de téléphone d’Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune quelques jours après son élection à la tête de l’Etat, l’un et l’autre n’ont pas manqué de louer mutuellement la volonté de rapprochement sincère.
Le premier a vaincu le Covid-19 et se trouve actuellement en convalescence, le second en a ressenti les symptômes il y a quelques jours, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron se sont parlé au téléphone, hier. Il va de soi que les deux hommes «ont pris des nouvelles de leur santé respective et se sont souhaité un prompt rétablissement mutuel», rapporte un communiqué de la présidence française. Derrière cet échange, disons-le, de circonstance, il y a certainement des messages à décoder. Même si El Mouradia et l’Elysée se sont contentés de cet aspect de la communication entre les deux dirigeants, il n’en demeure pas moins que l’actualité récente amène à penser que MM Teboune et Macron entendent par ce geste faire baisser les tensions apparus à la faveur d’un échange assez violent par presse interposée. Il semble donc que les deux présidents entendent faire prédominer la sagesse dans les relations entre leurs pays. D’ailleurs, depuis le premier coup de téléphone d’Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune quelques jours après son élection à la tête de l’Etat, l’un et l’autre n’ont pas manqué de louer mutuellement la volonté de rapprochement sincère. On retiendra à ce propos, les déclarations du président français sur la colonisation qui ont fortement déplu dans les milieux colonialistes en France, le rapatriement des crânes de chouhadas du 19 e siècle et la désignation de Benjamin Stora pour travailler avec son homologue algérien Abdelmadjid Chikhi sur les questions mémorielles.
Autant d’actions concrètes qui ont fait dire au Président Tebboune que M.Macron est sincère, mais doit faire avec un lobby colonialiste puissant. A propos de la mémoire commune justement, le Président Macron a informé son homologue sur la finalisation de ce dossier dans le courant du mois de janvier prochain, rapporte, dans un communiqué, la présidence de la République algérienne. On ne sait pas ce que contient ledit dossier, mais il est clair qu’un débat serein devrait s’installer, ce qui constitue une avancée notable dans les relations algéro-françaises.
Le travail des deux hommes n’est pas aisé, faut-il en convenir, mais visiblement pas impossible et MM. Tebboune et Macron qui ont évoqué «la relation bilatérale ainsi que les problématiques régionales» et sont convenus de s’entretenir à nouveau rapidement sur ces sujets, semblent y croire.
Il faut dire que les rapports qu’entretiennent les deux hommes relèvent du pacte pour faire établir la vérité historique et faire valoir une coopération bilatérale fructueuse et un partenariat d’égal à égal. Emmanuel Macron a, dans un entretien publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique, mis en exergue le «courage» d’Abdelmadjid Tebboune et promis de «faire tout (son) possible pour l’aider». Un propos interprété par l’opposition en Algérie, comme une volonté d’ingérence, mais il n’en est apparemment rien de tout cela, pour preuve, cette communication téléphonique censée lever les malentendus.
Yahia Bourit