La situation chaotique en Libye, qui inquiète de plus en plus, n’est pas sans ramifications géopolitiques, économiques et sécuritaires sur les pays de la région et même sur le pourtour méditerranéen.
L’Algérie qui partage près de 1000 kilomètres de frontières avec ce pays en conflit depuis 2011, n’est, bien évidemment, pas à l’abri de ce qui pouvait engendrer les hostilités armées, enclenchées ces derniers mois par les différents protagonistes.
Des experts sécuritaires et spécialistes en géopolitiques, avaient déjà alerté sur les retombées d’un tel conflit d’autant que les trêves signées entre le gouvernement d’union (GNA), Fayez al Sarradj, et les forces du maréchal Khalifa Haftar demeurent fragiles.
Ainsi, dans ce cadre, le politologue, Mohamed Laïchoubi, partage aussi le même avis quant aux risques de ce conflit sur l’Algérie. Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, M. Laïchoubi a estimé que le cas de la Libye «influence directement les politiques algériennes».
«Le dossier libyen est extrêmement crucial qui conditionne le devenir d’une grande partie de la région», a-t-il déclaré d’emblée. L’invité de la chaîne III a affirmé qu’en plus de sa proximité avec le Sahel, la Libye est aussi un pays méditerranéen, situé en face de la plus grande base maritime de l’Otan, installée en Sicile (Italie).
Mettant en exergue l’importance de la position géopolitique de la Libye, M. Laïchoubi a affirmé que ce pays constitue la prolongation de la façade méditerranéenne. «La Libye a dans sa droite L’Egypte et le canal de Suez, ce qui rappelle les enjeux de transport gazier et énergie, en plus de l’accès des grandes puissances de l’Est notamment la Russie se fait par ce couloir».
«La Libye est un double verrou qui influence directement les politiques algériennes, qu’elles soient économiques, sécuritaires ou géostratégiques», signale-t-il, pour qui, la stabilisation de ce pays en conflit, constitue un enjeu immédiat pour les pays du Sahel et euro-méditerranéens.
L’intervenant a insisté sur le poids de ce pays qui, affirme-t-il, est «la première entrée vers le Sahel» et «un pays méditerranéen en face de la Sicile, l’une des plus grande base maritime de l’OTAN».
Il a souligné aussi, l’enjeu des interférences étrangères qui se font au détriment des pays de la région. «On l’a vu dans l’intégralité des grandes régions du monde; chaque fois que les puissances entrent en compétition, elles le font au détriment d’un certain nombre de pays», a analysé M. Laïchoubi.
Ajoutant dans le même chapitre, que «l’ingérence et la modification des frontières est devenue, depuis très longtemps, une règle de la relation internationale».
Revenant à l’impact sur l’Algérie, l’invité de la chaîne III a affirmé que «notre pays se trouve en veille quant aux velléités de certaines puissances au morcèlement des régions», estimant qu’il s’agit d’un danger et risque crucial.
Pour le politologue, l’enjeu sécuritaire pour l’Algérie du conflit libyen est évident arguant la volonté des puissances à modifier les frontières à leurs avantages.
Il a déploré que ces puissances diffusent dans leurs influentes chaînes de télévision, le message de rupture à l’adresse des autres pays.
Samir Hamiche