L’Algérie a très officiellement rejoint la Zone de libre- échange continentale africaine (ZLECAF). Cela suppose qu’à terme, le pays commercera avec l’Afrique sans avoir à payer ou faire payer aux partenaires des droits de douanes. Cela revient à dire que désormais le marché national sera totalement ouvert aux marchandises issues des pays africains. Cette ouverture sur les économies du continent noir s’ajoutera au très attendu démantèlement tarifaire avec l’Union européenne. De fait, il sera impossible de « protéger » les industries nationales des influences européenne et africaine. On pourrait avancer que l’on n’aura pas le choix de subir le « tsunami » commercial européen, mais nous restons très compétitifs avec l’Afrique en raison du niveau de production du continent noir. Mais peut-on véritablement être optimiste, lorsqu’on apprend d’ici et de là que de plus en plus de pays africains commencent à montrer leurs muscles, à l’image de l’Ethiopie, le Ghana ou encore le Rwanda. Allons au fond des choses et posons-nous la question de savoir si les industries mécanique, agroalimentaire, cimentière, sidérurgique et électronique, sont assez fortes pour soutenir la concurrence. Objectivement, sur ces filières, l’Algérie est assez bien placée, avec des entreprises-leaders en Afrique, susceptibles de faire la différence. Mais cela ne doit pas suffire pour parler d’«avantages comparatifs». Et pour cause, la taille de notre économie n’est pas parvenue à la masse critique à même de donner du souffle aux exportations hors hydrocarbures. On en a pour preuve que les derniers chiffres dans ce domaine, font état d’une baisse qui commence à devenir inquiétante. Disons-le donc franchement et reconnaissons que ce qui marche le mieux en Algérie c’est l’import-import. La faune d’importateurs qui se prépare avec une certaine délectation au démantèlement tarifaire avec l’UE est déjà prête à sillonner l’Afrique pour nous fourguer sa production. Ces importateurs n’ont-ils pas été jusqu’au Vietnam, après avoir parcouru la Chine de bout en bout ? En fait, la grande crainte dans cette ZLECAF ne viendra pas forcément des exportateurs africains, mais de nos propres importateurs, plutôt zélés, qui ne feront aucun effort pour se transformer en exportateurs de nos produits. Le gain facile est si tentant… Maintenant, on voit déjà venir les commentaires qui fuseront de partout pour pointer une mauvaise nouvelle pour l’économie du pays. En réalité, c’est une excellente nouvelle pour les producteurs et les exportateurs. Mais comme ce sont des objets rares en Algérie…
Par Nabil.G