mardi , 6 juin 2023
<span style='text-decoration: underline;'>Impact du coronavirus sur les prix du pétrole</span>:<br><span style='color:red;'>L’Algérie appelle à une action «solidaire» et «rapide»</span>

Impact du coronavirus sur les prix du pétrole:
L’Algérie appelle à une action «solidaire» et «rapide»

Au regard de la situation du marché pétrolier qui est extrêmement grave, l’Algérie appelle à une action concrète, crédible, solidaire et rapide afin de ne pas anéantir l’ensemble des efforts consentis depuis 2016 par les pays signataires de la Déclaration de Coopération.

Le ministre de l’Energie et président de la Conférence de l’Opep, Mohamed Arkab a indiqué dans un entretien accordé à l’APS, que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) doivent entreprendre une action consensuelle et rapide pour faire face à la détérioration «inquiétante» des marchés pétroliers en raison de la propagation du coronavirus. Pour le ministre, la propagation de l’épidémie de coronavirus a impacté «sévèrement» les prix, au cours des deux derniers mois, en passant aux alentours de 50 dollars le baril contre plus de 65 dollars en début d’année, soit une baisse de plus de 15 dollars par baril.
Ainsi, M. Arkab souligne que la croissance économique en sera affectée au regard de l’importance de la Chine pour les chaînes d’approvisionnement mondiales. De nombreuses usines, notamment dans le secteur automobile, ont été contraintes d’arrêter leur production avec des répercussions sur l’ensemble de la chaine de valeur en Chine (qui est le plus grand pays consommateur de brut au monde) et dans les pays avoisinants, rappelle-t-il. Au-delà de la Chine, l’épidémie a un impact visible sur le secteur des transports, ce qui a pour conséquence de réduire la demande de pétrole brut et de produits pétroliers. Dans ce sens, «les pays signataires de la Déclaration de Coopération, Opep et non-Opep, ont un rôle important à jouer pour rétablir la stabilité et l’équilibre du marché pétrolier international», relève M. Arkab.
En effet, les 25 ministres de l’Opep+ se retrouvent jeudi et vendredi à Vienne pour décider des mesures appropriées afin d’enrayer la chute des cours du brut provoquée par l’épidémie du coronavirus. Cette rencontre ministérielle sera précédée mercredi par une réunion du Comité ministériel de suivi de l’accord Opep-non Opep (JMMC).
Les membres de l’Opep+ examineront, lors de cette réunion extraordinaire, les propositions faites début février par le Comité technique conjoint Opep-non Opep (JTC) qui recommandent de prolonger l’accord actuel de réduction de la production (1,7 million de barils par jour) jusqu’à la fin de l’année en cours 2020 et de procéder à une réduction additionnelle jusqu’à la fin du 2ème trimestre. Le JTC, dont l’Algérie a été à l’origine de sa création, a élaboré ces deux propositions après une analyse profonde des conséquences de la propagation du coronavirus sur l’économie mondiale, sur la demande pétrolière mondiale et sur l’équilibre du marché pétrolier. «Je suis confiant quant à l’issue de nos discussions. L’Algérie, en sa qualité de président de la Conférence de l’Opep, ne ménagera naturellement aucun effort pour parvenir à une action concertée et solidaire qui permettra de rétablir l’équilibre sur le marché pétrolier international», a-t-il noté.

Donner une voix à une Algérie nouvelle

Selon lui, une réaction de la part des pays de l’Opep+ permettra d’éviter l’effondrement des prix et de continuer ainsi l’investissement dans le secteur pétrolier, indispensable pour accompagner la demande future. «Chaque pays prendra la décision nécessaire en toute souveraineté et en fonction de ces spécificités. Nous allons entendre les points de vue de chacun et définir conjointement une action concrète pour des prix raisonnables», explique M. Arkab. «Nous avons pas d’autres solutions que de trouver une solution consensuelle dans l’intérêt de nos pays et de la stabilité du marché pétrolier international», a-t-il encore noté.
Sur son évaluation de la coopération Opep-non Opep, M. Arkab a estimé qu’au cours des trois dernières années, les membres avaient montré au marché que les producteurs pouvaient être «prévisibles, solidaires et responsables pour le bien de nos populations et de nos économies nationales mais aussi pour la relance de l’économie mondiale et de l’investissement dans l’industrie pétrolière». La croissance économique et la demande pétrolière mondiales se sont appréciées alors que le surplus des stocks pétroliers s’est considérablement réduit par rapport à 2016, souligne-t-il. Evoquant le rôle de l’Algérie dans la dynamisation de ce cadre de coopération, M. Arkab a rappelé que les efforts algériens avaient parvenu, au terme d’intenses et discrètes consultations menées pendant plus d’une année, à l’accord historique d’Alger qui était la base de la Déclaration de coopération entre les pays Opep et non-Opep signée le 10 décembre 2016 à Vienne.
Il a également rappelé que l’Algérie a eu à présider la Conférence de l’Opep à des moments particulièrement délicats pour le marché pétrolier international, comme en 1991 avec la guerre du Golfe, en 1999 au lendemain de la crise financière asiatique, et en 2008 avec la crise financière mondiale. «L’Algérie a su toujours dans les moments les plus difficiles, trouver un consensus en s’appuyant notamment sur ces relations d’amitiés avec l’ensemble des pays», a-t-il soutenu.
«Avec la compétence que nous avons dans ce domaine, nous continuerons à travailler dans la même veine afin de parvenir à réunir les points de vue pour une solution consensuelle», ajoute-t-il.
Outre l’Opep, l’Algérie assure en 2020, la présidence de deux autres organisations internationales importantes. Il s’agit de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep) et du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). «Avec nos experts nationaux au sein de ces organisations, nous essayons de donner une voix à cette Algérie nouvelle qui cherche le consensus et qui participe à l’élaboration et la concrétisation des solutions nécessaires pour faire face aux défis sur la scène énergétique mondiale», souligne M. Arkab.
Synthèse: Noreddine Oumessaoud