mardi , 28 mars 2023
<span style='text-decoration: underline;'>Tractations pour une solution négociée au conflit libyen</span>:<br><span style='color:red;'>L’Algérie pèse de tout son poids</span>

Tractations pour une solution négociée au conflit libyen:
L’Algérie pèse de tout son poids

L’appel de l’Algérie vaut son pesant de respectabilité, d’autant que tout le monde admet l’influence positive qu’exerce Alger sur les acteurs politiques et tribaux en Libye. Cela ne réduit pas de la difficulté de la tâche, mais ouvre une sérieuse porte en faveur d’une solution à travers un dialogue inclusif.

La situation en Libye qui mobilise beaucoup d’Etats et met l’Algérie au centre d’un vaste déploiement diplomatique, a été hier, le principal objet de discussion entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et le Président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, M. Fayez El-Serraj. Il ressort de cet entretien, un appel de l’Algérie adressé aux pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu pour «assumer leurs responsabilités pour imposer le respect de la paix et de la sécurité en Libye», rapporte un communiqué de la présidence de la République.
Le tête à tête a été l’occasion pour le Président de la République de rappeler «la position constante de l’Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, une position qui repose essentiellement sur le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats », poursuit le communiqué. Le Président de la République a réitéré la nécessité «de trouver une solution politique à cette crise qui garantit l’unité de la Libye, de son peuple et de son territoire ainsi que sa souveraineté nationale, loin de toute ingérence étrangère». Le chef de l’Etat a réitéré son attachement «à préserver la région de toute ingérence étrangère, compte tenu des menaces qui pèsent sur les intérêts des peuples de la région, sur l’unité de leurs Etats et sur la sécurité et la paix dans la région et dans le monde». Cette posture éminemment pacifique ne traduit aucune faiblesse de l’Algérie, bien au contraire. Et fort de son attachement à la paix, «l’Algérie appelle la communauté internationale, particulièrement le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités afin d’imposer le respect de la paix et de la sécurité en Libye et exhorte les belligérants à mettre fin à l’escalade», a-t-il dit. Et d’ajouter: «l’Algérie appelle également les parties étrangères à cesser d’alimenter cette escalade et d’accorder aux parties belligérantes, leur soutien militaire, matériel et humain, et plaide pour le respect de la légalité internationale afin de faciliter la reprise du dialogue pour parvenir à une solution politique à la crise».
Cet appel de l’Algérie vaut son pesant de respectabilité, d’autant que tout le monde admet l’influence positive qu’exerce Alger sur les acteurs politiques et tribaux en Libye. Cela ne réduit pas de la difficulté de la tâche, mais ouvre une sérieuse porte en faveur d’une solution à travers un dialogue inclusif. L’ensemble des chefs d’Etat qui avaient eu à s’exprimer sur le sujet ont souligné l’importance d’une issue pacifique au conflit.
Un vœu que partage d’ailleurs l’ensemble des pays africains, dont l’organisation entend convoquer son Conseil paix et sécurité (CPS). Annoncé, hier, par le commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Smail Chergui, cette réunion se tiendra à la veille du sommet de l’UA, prévu les 8 et 9 février à Addis-Abeba. Elle sera consacrée à la «crise libyenne et à la circulation des armes qui a aggravé la situation au Sahel», a déclaré le Commissaire Chergui depuis Addis-Abeba.
Au-delà de l’escalade militaire en Libye, la circulation incontrôlée des armes provenant des arsenaux libyens a fortement contribué au basculement sécuritaire dans la région du Sahel. Encouragée par le succès de sa récente médiation en Centrafrique, l’Union africaine veut reprendre le dossier libyen en main en restant engagée à appuyer une solution politique inclusive en Libye.
Beaucoup de dirigeants africains ont formulé hier leur inquiétude quant à la dégradation de la situation sécuritaire en Libye. Parmi eux, le président congolais qui disait se sentir «une fois de plus, dans l’impérieuse nécessité de suggérer de nouvelles initiatives, afin que le prochain sommet de l’UA élève la résolution du drame libyen au rang de priorité majeure». Par cette déclaration il faisait, entre autres, allusion à l’initiative turque d’envoyer des troupes sur le terrain libyen.
Il devient clair que l’emballement diplomatique aura un impact sur l’attitude des acteurs en conflit. Laissera-t-on tomber les armes ? L’avenir nous le dira.
Anissa Mesdouf