L’Algérie a multiplié les démarches en vue d’accélérer le règlement politique de la crise en Libye à travers des solutions visant l’arrêt du conflit armé et l’organisation au plus vite d’élections présidentielles.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, l’Algérie a reçu plusieurs délégations de protagonistes libyens dont l’objectif était de préparer les jalons d’un dialogue inclusif pour une solution politique. Défendant sans cesse le principe de non-ingérence dans ce pays, victime d’interférences assumées et non assumées de plusieurs pays de la région, la diplomatie algérienne a rejeté, à différentes occasions, toute ingérence étrangère.
Ce principe a été réitéré jeudi dernier par le chef de la diplomatie, Sabri Boukadoum, qui a appelé les Libyens à régler pacifiquement leur crise, lors de son intervention à l’ouverture de la réunion de concertation des pays voisins de la Libye qui s’est tenue à Alger. Il a aussi appelé les pays voisins à intensifier leurs efforts en faveur du renforcement du processus de règlement pacifique de la crise.
«Nous sommes confiants en la capacité des Libyens à dépasser leurs différends par la voie du dialogue et de la réconciliation nationale et à parvenir à un règlement politique à même de sortir le pays de sa crise et de permettre au peuple libyen frère de construire un Etat démocratique capable d’asseoir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire », a-t-il soutenu.
Le MAE algérien affirme être confiant que les parties libyennes ont accueilli favorablement la proposition de l’Algérie d’abriter les rounds du dialogue interlibyen. M. Boukadoum a énuméré à cette occasion les prochaines étapes qu’il faut entreprendre telles que relancer le dialogue et à faire prévaloir l’esprit de réconciliation, étant l’unique voie pour mettre fin à la crise qui n’a que trop duré et qui menace la sécurité et la stabilité dans toute la région.
Appelant à éviter l’escalade, le MAE algérien a appelé les pays voisins à assumer leur rôle pour rapprocher les vues entre les parties en conflit et faciliter le dialogue pour mettre fin aux affrontements sanglants.
Le chef de la diplomatie algérienne a insisté sur la nécessité d’aller à une solution politique pacifique inter-libyenne avec l’appui de la communauté internationale qui demeure la seule solution à la crise libyenne.
Il a appuyé dans ce cadre que les démarches entreprises par l’Algérie et les pays voisins visent «à resserrer les rangs du peuple libyen, en prônant la sagesse et la retenue et en écartant la solution armée.
La rencontre de jeudi dernier, tenue à Alger, intervient au lendemain de la conférence de Berlin (Allemagne) qui a réuni les dirigeants des pays concernés par la situation en Libye. Évoquant la rencontre de Berlin, M. Boukadoum a parlé de résultats positifs notables dont une série de décisions contraignantes pour les parties, renforçant ainsi l’option de la trêve entre les protagonistes.
M. Boukadoum a aussi salué les efforts de l’Onu à travers les démarches de l’émissaire Ghassan Salamé, chargé du dossier libyen.
Appel à s’inscrire dans le processus de dialogue politique loin de l’ingérence étrangère
Les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, ayant pris part à la rencontre consultative tenue, jeudi dernier à Alger, sur la crise libyenne, ont exhorté les belligérants libyens à s’inscrire dans le processus de dialogue politique, sous les auspices des Nations-Unies, avec le concours de l’Union Africaine (UA) et des pays voisins de la Libye, en vue de parvenir à un règlement global de la crise loin de toute ingérence étrangère.
Participant à la réunion organisée à l’initiative du président Tebboune, les chefs de la diplomatie «ont exprimé leur profonde préoccupation vis-à-vis de la gravité de la situation que traverse la Libye et son impact négatif sur la sécurité et la stabilité des pays voisins, en soulignant leur totale solidarité avec le peuple libyen.
A cette occasion, ils ont appelé à la préservation de la sécurité en Libye, son indépendance et son intégrité territoriale, ainsi qu’au rejet des interventions étrangères qui ne font que perdurer la crise et la rendre plus complexe.
A ce titre, les ministres ont insisté «sur la nécessité pour toutes les parties libyennes à rester engagées dans le maintien du cessez-le-feu, exprimant leur espoir que les frères libyens s’engagent dans un règlement pacifique de la crise libyenne, loin de toute solution militaire et d’intervention étrangère, y compris les milices et les mercenaires, pour favoriser l’organisation des élections transparentes qui répondent aux aspirations du peuple libyen et préservent l’indépendance de la Libye, son unité et sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire ».
Les ministres ont aussi insisté sur leur rejet catégorique du terrorisme, de la violence, quelque soit sa forme ou sa source », avant d’appeler « les frères libyens à revenir au processus politique, sous l’égide des Nations Unies, dans le cadre de l’Accord politique libyen et des résolutions du Conseil de sécurité y afférentes ».
Par ailleurs, les participants à la rencontre d’Alger ont souligné l’importance de la sécurité des frontières de leurs pays avec la Libye et la nécessité de la coordination et de la coopération en vue de faire face à tous les risques qui menacent la sécurité et la stabilité de la Libye et de tous les pays de la région ainsi que ceux du Sahel.
Les ministres des Affaires étrangères ont, dans leur communiqué, rendu hommage aux efforts déployés par l’Algérie au cours de la période précédant la Conférence de Berlin et qui se sont traduits par les visites de plusieurs délégations de Haut niveau parmi lesquelles les représentants des parties dans la crise libyenne.
Ils ont également salué l’annonce par l’Algérie, au cours de la Conférence de Berlin, de sa disposition à abriter des rencontres entre les frères libyens en vue de rapprocher les vues et de les appeler à revenir à la table des négociations et au dialogue, afin de mettre un terme à la crise libyenne et de préserver l’unité de peuple libyen et sa souveraineté.
Ils ont décidé, lors de cette réunion, de continuer à se concerter, chaque fois que nécessaire, pour faire connaitre la position des pays voisins de la Libye à la communauté internationale.
Les MAE participant à la réunion d’Alger reçus par le chef de l’État
Les ministres des Affaires étrangères et les représentants de plusieurs pays, présents à Alger, ont été reçus, jeudi dernier au siège de la présidence, par le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit de la Tunisie, de l’Egypte, du Tchad, du Niger, du Soudan et du Mali, dont les représentants ont pris part à la réunion consacrée aux consultations du Mécanisme des pays voisins de la Libye.
M. Tebboune a insisté sur la détermination de l’Algérie à ne ménager aucun effort en vue d’empêcher l’effusion du sang dans ce pays frère et mettre fin aux souffrances du peuple libyen, à travers le rapprochement des vues entre les frères libyens, en les incitant à mettre fin aux hostilités et à retourner à la table du dialogue inter-libyen à même de préserver l’unité du peuple et garantir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire.
Le chef de l’État a aussi rappelé «les résultats positifs issus de la Conférence de Berlin, notamment en ce qui concerne la consolidation de la trêve, l’embargo sur les armes et la reprise du processus politique», soulignant «l’importance du rôle des pays voisins de la Libye qui souffrent également de ce conflit et de ses répercussions graves sur la stabilité et la sécurité de la région». Le Président de la République a tenu à souligner «la nécessité de renforcer la coordination et d’intensifier la concertation entre ces Etats et avec les acteurs internationaux, en vue d’accompagner les Libyens dans le processus de règlement politique de cette crise ».
M. Tebboune a ensuite été remercié par les participants pour cette initiative et lui ont transmis les salutations de ses homologues». Ils ont exprimé également «leur attachement à une solution pacifique à la crise libyenne et leur profonde inquiétude quant aux immixtions étrangères, au soutien militaire accordé aux parties belligérantes et à l’envoi de mercenaires, de terroristes et de combattants étrangers en Libye, ayant ainsi un impact négatif sur la sécurité et la stabilité de ce pays».
Samir Hamiche