Dans un grand nombre de quartiers et de grandes cités d’habitat et même sur le tissu urbain central de la Cité oranaise, les espaces publics, trottoirs, chaussées et parfois des ruelles entières sont envahis par les marchands illicites. A El Barki, au quartier HLM, à l’USTO, certains endroits sont transformés en véritables «marchés sauvages» au grand désarroi des riverains et des usagers de la route. Malgré les interventions épisodiques des forces de l’ordre, rien ne semble arrêter cette invasion des espaces publics par une activité commerciale supposée interdite. Avec souvent, l’abandon des étals officiels attribués par l’APC, même des marchands «légaux» sont contraints de rejoindre le trottoir et la chassée mitoyenne pour faire face à une concurrence jugée bien déloyale. Le vendeur illicite n’est en effet soumis à aucune obligation de paiement de loyer ni de taxe communale en contrepartie de la place attribuée au marché couvert du quartier. Et de jour en jour, depuis des années, les marchés illégaux se sont imposés dans le décor urbain, dans des conditions d’hygiène et d’environnement déplorables. Un effet, disent les sociologues, de la «ruralisation» avancée et du recul des valeurs du vivre ensemble dans un espace urbain citadin collectivement apprécié et protégé. Certains, voulant expliquer la situation, s’empressent abusivement de pointer du doigt les autorités locales et les gestionnaires élus, les accusant de tous les maux et fléaux de la société. Il faut bien admettre que l’Etat dépense ici et là des sommes colossales pour aménager et améliorer le cadre urbain, mais hélas, sans pouvoir assurer l’adhésion collective à la préservation et à l’entretien des espaces urbains. Face à des énergumènes qui ne reculent devant rien pour exercer «leur droit au travail» pour subvenir aux besoins de la famille», il est certes bien difficile aux uns et aux autres de s’opposer fermement à l’occupation illégale de l’espace public. Et encore moins pour les membres du mouvement associatif et pour bon nombre d’élus locaux désarmés et impuissants face à un phénomène reflétant la profonde déstructuration sociale et économique forgée depuis des décennies.
Par S.Benali