On ne peut plus cacher le soleil avec un tamis: si, aujourd’hui, l’effondrement des prix du pétrole risque de frapper notre économie de plein fouet, et sans rapidement disposer de plan ORSEC, c’est bien parce que l’ancien système politique s’est moqué des 43 millions d’Algériens en feignant bâtir un pays de «l’après-pétrole». Les gouvernants démagogues et menteurs, tous inspirés par l’expert en corruption, en détournements et en fourberies, Abdeslam Bouchouareb, brandissaient l’épouvantail de l’«après-pétrole» pour totalement dévier l’attention du seul travail qu’ils assumaient: détourner de colossales richesses et les planquer en lieux sûrs, au nez et à la barbe du commun des mortels. Convaincus que le rapt n’allait jamais nous éclater à la face, tous ces valets de l’ère Bouteflika, ne pouvaient pas imaginer l’émergence du mouvement social qui allait les écraser, avec le sourire, en suivant une chronologie concise d’éléments factuels.
Mais une fois éradiqués comme de vulgaires puces qui ont rongé le bois de l’Algérie, se découvre un pays où «l’après-pétrole» était un slogan creux, un refrain qui allait nous conduire à l’apocalypse. Du temps d’un pétrole à 100 et 120 dollars le baril, les pirates de l’époque étaient trop occupés à se partager le cadeau divin pour réfléchir et bâtir l’avenir d’un pays en engageant des alternatives économiques aux hydrocarbures, à commencer par dresser une stratégie intelligente de préservation de notre énergie fossile. Aucun scénario n’a été édifié pour profiter des années économiquement florissantes pour diversifier notre économie, dans l’espace et dans le temps. Les experts du crû, les économistes rompus au développement sur le long terme et à la gestion prospective, n’ont eu de cesse d’attirer l’attention des décideurs sur la diversification de l’économie nationale. Mais l’abondance de formules proposées pour ne pas sécher nos ressources, n’a jamais intéressé les hommes de l’ancien système, tous avides de la facilité de pomper l’or noir à outrance, et de s’en servir.
Les Etats-Unis disposent des plus grandes réserves de pétrole au monde, mais ne le clament jamais. Et c’est à peine s’ils le consomment. La Russie, deuxième producteur mondial et l’Arabie Saoudite premier exportateur, incarnent les poids lourds de l’OPEP et influent majoritairement sur les prix du brut, car, leur croissance économique n’est pas tributaire des hydrocarbures. Très loin de l’Algérie, ces deux géants de l’industrie pétrolière ne paniquent pas, leur «après-pétrole» étant relativement garanti.
Aujourd’hui, et peu importe la raison que tout le monde connait, le pétrole ne pèse pas lourd. Dans la fourchette 2018-2019, même nos parts de marché s’étaient rétrécies. D’où cette question lancinante qui martèle tous les esprits: qu’ont fait jusque-là les Sellal, Ouyahia et consorts pour mobiliser, créer, proposer une monnaie de change ? Rien. Si ça se trouve, ils s’en moquaient. Ils sont nombreux les hommes de l’ex-pouvoir qui s’enrichissaient, animés par leur devise secrète, «après moi le déluge».
C’est donc légitimement que les pouvoirs publics s’inquiètent de la chute drastique du prix de l’unité pétrolière, 31 dollars. Ce n’est pas semer la panique que de préciser qu’avec ce seuil, la situation budgétaire et la balance des paiements se détérioreront. Oublions l’invité surprise, le coronavirus, pour rappeler que le rythme de l’innovation s’accélère dans le monde, que des millions de personnes s’échappent de la pauvreté et que le programme du président Tebboune cible un développement local et régional tous azimut, une économie dynamique, libérer le climat des affaires en s’appuyant sur la création des entreprises, d’abolir l’IRG pour les salaires de moins de 30.000 dinars, la hausse du salaire minimum national garanti… La chute vertigineuse du prix contrariera-t-elle ces décisions ? De même la Loi des Finances 2020 qui est architecturée sur un prix du pétrole à 50 dollars sera-t-elle révisée ?
Pour l’heure, l’impact et la durée de l’épidémie qui bouscule aussi bien l’élément humain que l’économie dans pratiquement toute la planète, limite les marges de manœuvres pour le chef de l’Etat et son exécutif. Une tâche énorme attend les pouvoirs publics. Surtout que dans cette conjoncture, il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir.
Par Fayçal Haffaf
Par Fayçal Haffaf