Pas moins de 116 immeubles désaffectés et non démolis, ont été squattés par de nouveaux occupants à travers plusieurs quartiers de la ville d’Oran. Cette information, livrée aux médias par le wali lui-même lors d’une visite d’inspection effectuée jeudi dernier, a accentué le doute et le pessimisme sur la capacité des pouvoirs publics à pouvoir résoudre définitivement la problématique du vieux bâti oranais dans toutes ses facettes. Indiquant que durant ces quelques dernières années, pas moins de 18.333 familles résidentes dans 752 anciennes bâtisses situées sur le territoire de la commune d’Oran, ont été relogées. Le wali d’Oran a expliqué que le nombre d’immeubles désaffectés et démolis, ne dépasse pas 150. En d’autres termes, c’est pas moins de 600 bâtisses inscrites au registre de la démolition qui restent encore debout, livrées à l’occupation anarchique et illicite des squatteurs qui ne reculent devant rien pour obtenir un logement neuf au nom du droit au recasement des mal-logés. Dans certains endroits de la ville, des riverains d’immeubles désaffectés, interpellent les responsables et les élus, leur demandant de mettre en œuvre toutes les mesures utiles permettant de stopper l’occupation des immeubles à risque d’effondrement par des familles venues d’horizons divers. Des familles, expliquent des témoins, qui ne sont pas forcément conscientes du danger d’affaissement de murs porteurs ou de dalles fragilisées par le temps et l’abandon. A Sidi El Houari, des tronçons de rues ne sont même plus empruntés par les habitants de peur d’un effondrement partiel pouvant être dramatique. «Ce qui est loin de décourager les squatteurs de ces bâtisses à risque en attente de démolition… affirme un résident choqué par ces pratiques suicidaires». D’autres témoins signalent que même les bâtisses partiellement démolies et dont l’accès a été muré et condamné, n’échappent pas aux intrusions et aux occupations aussi sauvages que dangereuses. Et ce qui semble encore plus choquant, est le fait que dans bien des cas des immeubles déclarés à risques, ont été évacués à trois ou quatre reprises en moins de vingt ans et les occupants à chaque fois relogés. Une pratique qui, à l’évidence, ne peut que bénéficier de complicités diverses, notamment de la part de certains acteurs installés dans les rouages d’une administration locale minée par des prédateurs et des arnaqueurs en tout genre. Dans cette ambiance d’impunité et de chaos généralisé, il semble bien difficile pour les pouvoirs publics de mettre en œuvre une stratégie claire et efficace de gestion du vieux bâti à risque d’effondrement dans toutes ses dimensions, notamment en termes de recensement définitif et sans recours de tous les occupants, de maîtrise technique, administrative et juridique des opérations d’expropriation, de gardiennage et de démolition et surtout de réhabilitation urbaine des espaces récupérés…Tout un programme qui reste à la traîne depuis déjà plus de cinquante ans ! Ainsi va Oran.
Par S.Benali