Demain, l’Algérie a rendez-vous avec le 53e vendredi de mobilisation populaire. Quels que soient les slogans qui seront entonnés, l’important est qu’au bout de toute cette année, les Algériens ont réalisé une immense œuvre collective.
Le mouvement populaire algérien, inédit dans l’histoire moderne de l’humanité, boucle sa première année. Inédit parce qu’aucun peuple n’a traversé autant de semaines, sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée. Beaucoup de sociétés, avant et après le 22 février 2019, ont tenté d’inscrire un mouvement de protestation populaire pacifique sur la durée. En France, au Liban, au Soudan et un peu partout ailleurs dans le monde, aucun peuple n’est parvenu à maintenir une pression pacifique dans de nombreuses villes du pays et maintenir une mobilisation quasi-sans faille. Toutes les autres «démonstrations populaires», ont basculé dans la violence, sauf celle d’Algérie qui continue aujourd’hui encore à émerveiller l’humanité par sa persévérance, sa civilité et son patriotisme à l’épreuve de toutes les tentatives déviationnistes. Beaucoup d’observateurs qualifient le mouvement populaire algérien de miracle politique du 21e siècle. Mais en fait de miracle et ce qui distingue l’Algérie et les autres pays, c’est principalement la volonté de tous de passer à une nouvelle République. L’ampleur des manifestations démontrait la fin d’une époque. L’ANP l’avait bien compris et décidé d’accompagner les Algériens dans leur quête de démocratie véritable que de s’opposer à la volonté du peuple. Ailleurs dans le monde, les pouvoirs en place, ont choisi la confrontation au lieu de l’accompagnement.
En 52 semaines de marches aux quatre coins du pays, les Algériens ont réussi à faire abdiquer un régime politique. L’apport de l’armée a été de permettre à la justice de faire son travail et poursuivre les symboles dudit régime. Les Algériens ont fait échouer le projet du 5e mandat, refusé une nouvelle élection présidentielle sous les lois de l’ancien régime, prévue le 4 juillet dernier. S’en est suivi un passionnant débat sur le chemin à prendre. Faut-il une présidentielle avant de changer de Constitution ou le contraire ? La classe politique a opté, dans sa majorité, pour le scrutin. Avant cela, l’exigence des Algériens a été respectée. Deux nouvelles lois ont permis l’organisation d’une élection loin de toute ingérence de l’administration. Avec un taux de participation autour de 40%, un président de la République a été élu au premier tour. Il a obtenu 58% des voix exprimées.
Au 12 décembre 2019, la République a fait son premier pas dans la direction de sa rénovation. Les Algériens ont pris acte de l’élection, mais beaucoup sont tout de même restés fidèles aux manifestations hebdomadaires. Et c’est ainsi que les décisions du Président Tebboune sont commentées dans la rue, à chaque vendredi.
Le nouveau chef de l’Etat a conscience que son élection n’est pas une solution en soi. Abdelmadjid Tebboune sait qu’un «dialogue sérieux au service de l’Algérie» est plus que nécessaire pour construire la «Nouvelle République». Les Algériens prennent note de sa volonté de changement, mais maintiennent la pression. 40, 41, 42 jusqu’au 52e vendredi. Ils investissement les rues des villes et disent leur détermination à entrer dans une nouvelle ère. De son côté, le Président reçoit le message et multiplie les signes de réformes. Il installe un comité d’experts chargé de réaliser le brouillon d’une Constitution qui réponde point par point aux revendications du mouvement populaire. Les Algériens ont écouté leur président et attendent de voir le texte pour le débattre.
En attendant, le chef de l’Etat n’hésite pas, au Sommet de l’Union africaine, à rendre hommage au peuple qui a réussi le miracle politique du 21e siècle. Un acte de patriotisme, de reconnaissance et aussi d’engagement ferme de faire de l’émergence de la nouvelle Algérie une mission sacrée.
Quelques jours avant cet anniversaire, le Premier ministre a plaidé pour «un nouveau pacte pour une nouvelle Algérie» qui repose sur une démocratie basée sur une série de principes, dont l’alternance au pouvoir. De son côté, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, a souhaité que le 22 février soit consacré comme journée nationale. Là aussi, les Algériens prennent acte et continuent de manifester.
Demain, l’Algérie a rendez-vous avec le 53e vendredi de mobilisation populaire. Quels que soient les slogans qui seront entonnés, l’important est qu’au bout de toute cette année, les Algériens ont réalisé une immense œuvre collective.
Nadera Belkacemi
Nadera Belkacemi