Les prix du pétrole commençaient la semaine en forte baisse hier, le baril européen de Brent touchant un nouveau plus bas depuis plus de 17 ans, devant les ravages que provoque la pandémie de coronavirus sur la demande d’or noir.
Le Brent ou brut de mer du nord pour livraison en mai valait 22,89 dollars à Londres, en baisse de 8,18% par rapport à la clôture de vendredi, peu après avoir atteint 22,58 dollars, un niveau plus vu depuis la fin de l’année 2002. A New York, pour la livraison de mai perdait 4,88%, à 20,46 dollars, après avoir fait une incursion sous la barre des 20 dollars. Depuis le début de l’année, les deux cours de référence ont quasiment été divisés par trois. La chute est intervenue après que le bilan des décès en raison de la pandémie de coronavirus Covid-19 a dépassé le nombre de 30.000 avec l’Italie et l’Espagne, en tête des pays les plus touchés en Europe, et une augmentation des cas de contaminations aux États-Unis.
Ainsi, la demande de brut subit de plein fouet la crise sanitaire et les mesures drastiques mises en place par les Etats pour enrayer la propagation du virus, limitant très fortement les déplacements des marchandises et des personnes. Plus de 3,38 milliards de personnes sont ainsi appelées ou astreintes par leurs autorités à rester confinées chez elles, soit environ 43% de la population mondiale, selon un décompte réalisé à partir d’une base de données de l’AFP.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a abondé en ce sens vendredi, estimant qu’il était clair que l’économie mondiale était désormais entrée en récession du fait de la pandémie de coronavirus qui se propage dans le monde.
Pour soutenir l’économie mondiale et faire face aux conséquences économiques du nouveau coronavirus, gouvernements et banques centrales ont annoncé une panoplie de mesures d’aide d’urgence. Mais « pour repartir vers le haut, les cours du pétrole auront besoin d’une réponse physique, pas de papier », a estimé Bjarne Schieldrop, analyste de SEB. « Les gens doivent utiliser leurs voitures, prendre l’avion et aller de nouveau au travail pour voir la demande en pétrole – et donc les prix – augmenter », a-t-il ajouté dans une note.
Deux des trois principaux producteurs mondiaux, l’Arabie saoudite et la Russie, sont engagés dans une guerre des prix depuis l’échec de leurs négociations au début du mois de mars dans le cadre de l’accord qui lie les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et dix pays alliés. Ce déséquilibre côté offre, amplifie les effets de la chute de la demande sur les prix de l’or noir. Ryad a réfuté vendredi, toute discussion en cours avec Moscou afin de rééquilibrer le marché, a rapporté Al Stanton, analyste de RBC, ce malgré la pression mise la semaine dernière par Washington.
Noreddine Oumessaoud