lundi , 27 mars 2023

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Le poisson, le rêve et la bureaucratie

L’ensemble des Algériens s’interrogent au quotidien sur le paradoxe de leur pays qui, avec quelques 1600 kilomètres de côte, ils sont tout en bas de la liste des consommateurs de poisson. Même la sardine qu’on qualifie de poisson du pauvre, est cédée à des prix de moins en moins abordables. Depuis des décennies, la question est sans cesse ressassée par le commun des citoyens. Il fallait donc une réponse des pouvoirs publics et celle-ci est venue avant-hier à travers un plan quinquennal présenté au Conseil des ministres par le ministre de la pêche et des ressources halieutiques.
Les Algériens qui ne veulent pas croire aux seules promesses pour en avoir eu beaucoup sans en voir la concrétisation, attendent donc que la nouvelle approche qui «repose sur la remobilisation des moyens existants intra et extra sectoriel, en associant les partenaires publics et privés», porte ses fruits. Il est évident que le dire ne suffit absolument pas pour convaincre des millions de consommateurs qui, en quelques dizaines d’années en sont arrivés à oublier le goût du poisson.
Le ministère de la Pêche entend, grâce audit plan, porter la production halieutique à 166.000 tonnes. Même si ce chiffre n’aura peut être pas un effet direct sur les prix, il pourra tout au moins amener les Algériens à espérer à court et moyen terme consommer des protéines de poissons et le gouvernement de justifier les 1600 km de côte. Mais pour le gouvernement, comme pour la société d’ailleurs, le facteur véritablement important du plan est en rapport avec la projection de création de 30.000 nouveaux emplois. Il est également question de pérenniser la profession à travers un système productif halieutique construit avec des moyens et intrants produits localement et de lancer un vaste programme de développement de l’aquaculture marine et continentale. Que du bénéfice pour l’Algérie et les Algériens. Il reste à donner corps à toutes les promesses, censées être totalement tenues à l’horizon 2025.
A voir l’ambition affichée par le ministre de la Pêche, l’Algérie ne tardera pas à se réconcilier avec la Méditerranée, à laquelle elle a tourné le dos, des décennies durant. Mais pour que tout cela soit visible et donner les moyens aux Algériens d’aimer leur côte et sa nourriture, encore faut-il impliquer les jeunes et leur faire apprécier un métier, actuellement en voie de disparition en Algérie. Cela passe par une formation qualifiante et un véritable encouragement des investisseurs. Mais là, on sort du rêve pour entrer dans la dure réalité de la bureaucratie…

Par Nabil.G