mardi , 28 mars 2023

Le véritable terrain des attentes sociales

«Pour avoir un logement neuf, allez à Oran, occupez une baraque et patientez..». C’est là une affirmation reprise comme une certitude par de nombreux citoyens de villages, douars et zones enclavées, un peu partout à travers les wilayas du pays. Il y a plus d’un an, un ancien ministre de l’Habitat en visite à Oran, avait confirmé publiquement cette problématique de la «course au bidonville» installée en fléau irréductible depuis des décennies. Et au wali alors en poste qui lui, réclamait une rallonge de crédits pour un nouveau programme de logements de recasement des occupants de bidonvilles, l’ancien Ministre avait répliqué «Il ne faut plus encourager les constructions illicites… C’est une spirale sans fin qu’il faut arrêter…». Il ne croyait pas si bien dire. Tout le monde sait bien aujourd’hui, que la politique de résorption de l’Habitat précaire a atteint ses limites et ne cesse, paradoxalement, d’alimenter les flux de population venant occuper un site d’habitat illicite, érigé parfois en moins de quarante huit heures, afin d’obtenir le statut de demandeur d’un logement social de recasement. Et même après relogement des occupants, le bidonville démoli, renait souvent de ses ruines, parfois au même endroit, et s’installe durablement dans le décor urbain quand il échappe au regard des rares responsables ou élus locaux intègres et vigilants. Les opérations de démolition de nouveaux baraquements ne cessent il est vrai, de se multiplier à travers la Commune d’Oran et la Wilaya. Mais selon des sources crédibles, pour une dizaine de baraques démolies, il faut compter en moyenne une trentaine de constructions illicites nouvelles qui s’incrustent sur le tissu urbain. La lutte contre la prolifération des bidonvilles, pudiquement appelée «résorption de l’habitat précaire», a été abusivement inscrite au registre de la solidarité, du droit de chaque citoyen à un logement décent, et du soutien aux plus démunis. En réalité, la démarche ne répond plus aujourd’hui ni aux besoins, ni aux urgences, ni aux véritables enjeux de société liés aux attentes et aux préoccupations majeures d’une majorité de citoyens en attente ou résignés. Des citoyens qui pour certains, vivent le calvaire d’un vieux bâti qui risque de s’effondrer, ou le cauchemar des lieux insalubres et exigus, et bien d’autres situations pénibles suscitant souvent l’envie d’aller habiter «Tola», le nom commun donné à ces taudis de fortune…Il serait temps, pour les gouvernants et leurs représentants locaux, de recenser les situations et d’analyser les besoins sur le seul et véritable terrain des attentes sociales et des préoccupations des citoyens en difficulté. Non pas au détour d’un mouvement de population venant occuper un bidonville, mais sur l’endroit même pouvant générer un besoin de départ vers la grande ville pourvoyeuse d’emplois réels ou informels…
Par S.Benali