Réuni avant-hier en Conseil des ministres sous la présidence du chef de l’Etat, l’exécutif a abordé les sujets très lourds qui impactent directement le vécu des Algériens. Il est impossible de prioriser une question par rapport à d’autres, tellement tout l’ordre du jour semblait d’une très chaude actualité.
Chaque point de cet ordre du jour se retrouve intimement lié aux autres, à tel enseigne qu’on ne voit pas comment les différents départements peuvent avancer individuellement. La cohésion s’impose donc et l’on aura vu cela, dans le déroulement du Conseil des ministres, rapporté par un long et transparent communiqué.
L’un des thèmes majeurs de cette réunion est en relation avec l’économie du pays. Diversifier les ressources est le maître-mot, souligné avec force par le président de la République. Lequel «a insisté sur la prise des mesures pratiques pour accélérer la mise en place d’un nouveau modèle économique basé sur la diversification du développement et l’économie du savoir, en sus d’une nouvelle politique d’industrialisation orientée vers les industries petites, moyennes et émergentes», note le communiqué de la présidence de la République. Le chef de l’Etat affiche, à ce propos, un optimisme certain. «Nous avons des compétences algériennes et des ressources matérielles susceptibles de nous mettre à l’abri de l’instabilité des recettes pétrolières», a-t-il insisté. Mais réaliste, il soulignera que «nous ne sommes pas parvenus, à ce jour, à produire localement à 100% un téléviseur ou un réfrigérateur alors que l’Algérie recèle des compétences scientifiques dans les divers domaines. Des compétences qui ont démontré leur potentiel dans notre lutte collective contre la propagation de la pandémie du coronavirus».
Le ministre de l’Industrie et des Mines a présenté une étude détaillée sur les divers systèmes juridiques et réglementaires régissant l’investissement et la gestion du secteur public commercial, relevant les vides et lacunes existant, essentiellement l’absence d’une stratégie industrielle nationale.
Quant à la situation du secteur énergétique, le Conseil a écouté un exposé du ministre de l’Energie sur la crise inédite qui frappe le marché mondial des hydrocarbures. Sur le sujet, le président Tebboune a mis l’accent sur «la nécessité de se tourner résolument et avec détermination vers l’industrie pétrochimique, le développement des secteurs de l’industrie et de l’agriculture et l’exploitation des ressources humaines sortant chaque année de nos universités afin de permettre aux jeunes de mettre en avant leur génie habituel». Partant, le Président met en évidence l’urgence de «s’orienter immédiatement vers l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables pour l’exportation afin d’immuniser notre indépendance économique contre toute éventualité pouvant se produire sur le marché pétrolier».
La situation financière très difficile qui découle de la baisse des prix du pétrole n’empêche pas l’Etat de maintenir un esprit de solidarité avec les Algériens dans le besoin, notamment à la veille du mois sacré du Ramadhan. A ce sujet, l’exposé du ministre de l’Intérieur fait ressortir que 2.200.000 familles bénéficient de l’allocation de l’opération de solidarité spéciale Ramadhan, à laquelle un montant de 22 milliards de DA a été alloué.
En sus de l’action de solidarité, le ministre de l’Intérieur a évoqué le bilan de la lutte contre la spéculation et le monopole. L’on apprendra que «482 dossiers ont été déférés à la Justice et quelque 2.500 tonnes de produits alimentaires et plus de six millions et demi (6,5 millions) d’unités de produits et équipements pharmaceutiques, tels que les médicaments, les solutions hydroalcooliques, les gants et les masques, ont été saisis». Commentant l’exposé du ministre, le président de la République a affirmé que «la solidarité est un phénomène salutaire qui honore l’Algérie et lui confère sa particularité dans le monde». Adressant ses remerciements au peuple algérien pour leur formidable élan de solidarité constaté sur le terrain, Abdelmadjid Tebboune, a cependant mis en avant le fait que «le véritable contrôle est le contrôle populaire et non pas administratif». Et le Président d’ordonner aux ministres de l’Intérieur et du Travail de classer les associations qui se sont distinguées pendant la crise sanitaire actuelle en associations d’utilité publique, sans lesquelles, a-t-il dit, «nous n’aurions pas pu obtenir ces résultats impressionnants en matière de solidarité et de distribution des aides».
Sur un autre volet, mais dont le lien avec le quotidien des Algériens est avéré, à savoir celui des fausses nouvelles susceptibles d’attenter à la stabilité du pays, le Conseil des ministre a adopté le projet de loi modifiant et complétant l’ordonnance n°66-156 du 08 juin 1966 portant Code pénal criminalisant les actes qui se sont répandus ces dernières années au point de menacer la sécurité et la stabilité du pays, notamment la diffusion de fakenews pour porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publics, l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale. Le texte prévoit la criminalisation de la falsification en vue de l’obtention d’aides publiques financières, matérielles et en nature, ainsi que d’exonérations fiscales. Il s’agit aussi des actes portant atteinte à la probité des examens et concours, de mise en danger d’autrui ou à leur intégrité corporelle. Défendant l’amendement du code pénal, le chef de l’Etat a relevé que «ce projet s’inscrivait dans le cadre de ses engagements, notamment pour ce qui a trait à la moralisation de la société et de l’administration, et à la rupture définitive avec les pratiques ayant porté atteinte à l’image de l’Etat et à la probité de ses cadres, à condition que cela intervienne dans le cadre d’un Etat fort et équitable sans aucune ambiguïté entre la liberté et l’anarchie». Et d’ajouter : «Nous sommes déterminés à édifier une véritable démocratie, étant une revendication populaire irréversible, une démocratie accordant à tout un chacun la place qu’il mérite indépendamment de sa position sociale».
L’un des paris les plus importants du président de la République est sans conteste le développement des startups. Le Conseil des ministres a écouté à ce propos un exposé présenté par le ministre de la Micro-entreprise, des Startups et de l’Economie de la connaissance. La communication a porté sur les contributions de jeunes innovants porteurs de projets et de startups dans la prévention et la lutte contre la pandémie du Covid-19. Sur ce sujet plutôt novateur, «le chef de l’Etat a indiqué que les startups étaient appelées actuellement à accorder davantage d’intérêt aux besoins des hôpitaux, mettant l’accent sur l’urgence de généraliser la numérisation au service de l’économie nationale», rapporte le communiqué. Le chef de l’Etat a rappelé la nécessité de réactiver le Fonds de soutien aux micro-entreprises et startups, et l’élaboration de lois régissant les initiatives des jeunes dans des cadres clairs, avant fin avril courant.
Abordant la pandémie du Covid-19, qui se trouve être l’élément central autour duquel tournaient tous les autres points abordés par le Conseil des ministres, le président de la République ne s’est pas satisfait du simple constat, mais a relevé les failles du système national de santé. Il sera profondément réformé, dit-il. Il le sera dans l’optique de «la libération des initiatives et à la production des équipements médicaux localement non seulement pour atteindre l’autosuffisance mais pour l’exportation également».
Après s’être incliné devant la mémoire des victimes de la pandémie et souhaité prompt rétablissement aux patients, le Président Tebboune a exprimé sa satisfaction quant à l’amélioration relative en matière de lutte contre la propagation de la pandémie, appelant, à ce propos, à faire montre de davantage de discipline, de vigilance et de patience
Evoquant l’importation des équipements médicaux, le Président Tebboune a ordonné la poursuite des actions programmées, malgré l’amélioration de la situation, pour parer à toute éventualité à l’avenir.
Yahia Bourit
Yahia Bourit