C’est visiblement la réponse des éleveurs qui, même s’ils ne reconnaissent pas être derrière la spéculation, entendent faire de leur mieux pour l’endiguer. C’est une attitude nouvelle dans cette corporation.
Le coup de gueule du ministre du Commerce par rapport aux comportements des éleveurs qui n’auraient pas joué le jeu, en laissant filer les prix, semble avoir découché sur une solution susceptible d’éviter une flambée des prix des viandes rouges en pareille période de grande consommation. En effet, des éleveurs et professionnels dans les filières ovine et bovine ont appelé à créer des espaces alternatifs aux éleveurs et aux commerçants de gros et au détail pour assurer une transparence des transactions et interdire la spéculation sur la vente en gros et au détail des viandes rouges.
C’est visiblement la réponse des éleveurs qui, même s’ils ne reconnaissent pas être derrière la spéculation, entendent faire de leur mieux pour l’endiguer. C’est une attitude nouvelle dans cette corporation. Ainsi, ces professionnels ont tenu, dans une déclaration rendue publique, hier, à préciser que la pandémie Covid-19 a donné un coup d’arrêt aux marchés à bestiaux, rendant ainsi impossible tout acte commercial, ce qui expliquerait l’envolée des prix. Pour éviter pareil scénario, ils proposent la création d’espaces alternatifs aux éleveurs et commerçants de manière à interdire la spéculation sur la vente en gros et au détail.
Le président du Conseil national interprofessionnel de la filière viande, Miloud Bouadis a souligné que «la persistance de la situation influera inévitablement sur les prix, vu l’absence de concurrence qui permet généralement de réduire les prix auprès de l’éleveur et par conséquent auprès du vendeur de gros». De fait, les éleveurs attendent de la part des pouvoir publics, «des mesures d’accompagnement à travers l’organisation du travail des commerçants et une prise en charge par les parties concernées du transfert du bétail vers les abattoirs pour garantir un approvisionnement du marché», affirme M. Bouadis.
Il affirme à ce propos que, «les opérateurs privés déploient des efforts pour acheter du bétail directement auprès de l’agriculteur, vu la fermeture des marchés. Par conséquent, les vendeurs de gros et au détail fixent les prix des viandes en fonction de la marge bénéficiaire». On apprendra de la bouche du même responsable, que «les têtes ovines sont vendues en fonction de leur poids, leur type et leur âge, et dont les prix varient d’un éleveur à un autre selon les dépenses engagées lors de leur élevage et engraissement», note le même responsable, expliquant que le prix moyen au niveau de l’abattoir se situe actuellement autour de 1.150 DA/kg.
Un autre éleveur, président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), Djilali Azzaoui, a indiqué que les têtes ovines et les viandes rouges «sont disponibles et couvrent toute la demande nationale à des prix raisonnables», soulignant qu’il ne faut pas voir les prix dans certaines grandes villes, mais plutôt calculer leur moyenne nationale. M.Azzouzi a défendu le principe d’un véritable débat national avec l’ensemble des opérateurs des deux filières de l’élevage et des viandes rouges à l’effet «de parvenir à une organisation complète et globale de ce marché et trouver, ainsi, une alternative aux marchés aux bestiaux, actuellement suspendus en raison de la propagation de la pandémie.»
On retiendra que les sorties de MM. Bouadis et Azzaoui, sont en étroite relation avec une visite surprise, effectué par le ministre du Commerce, vendredi dernier, au marché de gros des fruits et légumes de Boufarik. Sur place, le ministre n’a pas caché sa colère contre les éleveurs et les maquignons qui n’ont pas tenu leurs promesses de vendre les viandes à des prix raisonnables.
«Une question me préoccupe qui est celle de savoir où sont les 28 millions de moutons dont les éleveurs et les professionnels de cette filière ont parlé ? Où sont vos promesses de vendre cette année à des prix raisonnables?», avait écrit M. Rezig sur sa page Facebook. Il n’en fallait pas plus pour lancer un débat entre professionnels qui semble avoir débouché sur une première proposition, de nature à identifier les spéculateurs sur les prix des viandes rouges.
Nadera Belkacemi