Lors du dernier Conseil des ministres, l’option de l’agriculture industrielle a été retenue. Désormais, l’Algérie développera cette manière de travailler la terre qui a déjà fait ses preuves en Europe et en Amérique du nord. Le principal gain de cette méthode est s’assurer définitivement la sécurité alimentaire de la nation. A terme, l’Algérie n’aura pas à importer du blé, des aliments de bataille, de viande de bœuf ou de quelque soit d’autre entrant dans le cadre de la ration protéinique de chaque citoyen. L’aboutissement d’un pareil chantier qui, soit dit en passant, est gigantesque et nécessite des investissements lourds, est en soi une immense victoire de la nouvelle Algérie.
Il reste qu’entre le désir de lancer un projet et le mener à son terme, il y a un chemin qu’il n’est pas évident de parcourir de bout en bout. Dans l’équation, il y a d’abord une volonté politique inébranlable, une ingénierie moderne et adaptée à la nature du foncier agricole algérien, une disponibilité financière autant publique que privée et enfin, une adhésion des professionnels de la terre.
Cette dernière condition est un facteur limitant d’une stratégie tournée vers l’agriculture intensive, d’autant plus que celle-ci est réalisable dans les immenses étendues du sud du pays. A ce propos, on évoque des perspectives prometteuses dans la wilaya d’Ouargla. Déjà confortées par différentes expériences réussies dans ce segment stratégique à forte rentabilité économique, la perspective d’en faire une zone pilote est tentante. Mais encore faut-il convaincre les agriculteurs du cru. Ces derniers ont réussi à introduire une expérience réussie de production de betterave sucrière, de tournesol et de maïs à HassiMessaoud. Mais le passage de l’expérience à la culture à l’américaine nécessite un réel changement de paradigme. Aussi, l’expérience «grandeur nature» sur une superficie totale de 11.000 hectares dont 600 hectares réservés à la production de blé tendre, en cours depuis 2018, se doit d’être accompagnée par la volonté politique et l’ingénierie citées plus haut. Il faut bien se rendre à l’évidence qu’il s’agit là d’un nouveau métier, encore étranger aux professionnels algériens, habitués à travailler sur quelques dizaines d’hectares, au mieux quelques centaines. Il faut faire comprendre aux investisseurs nationaux qu’ils sont face à une nouvelle donne économique. A Ouargla comme ailleurs dans le grand sud, l’enjeu de l’agriculture intensive est majeure, non pas seulement pour ces régions, mais pour le pays en entier.
Par Nabil.G