mardi , 21 mars 2023

Les marchands de logements dans les bâtisses désaffectées…

Il y a quelques jours, les services de la Délégation communale «El Emir», au centre ville, en collaboration avec les services de police, avaient mis en échec une tentative de squat ciblant un immeuble désaffecté dans le quartier de Saint Pierre, dont les anciens occupants avaient été relogés. L’opération méritait bien d’être applaudie, médiatisée et citée en exemple car elle montre bien que ce fléau du squat des vieux immeubles peut être combattu quand il existe sur le terrain une réelle volonté collective de mettre un terme à l’anarchie et aux dérives urbaines en tout genre. On sait que cet immeuble désaffecté au quartier Saint Pierre, aussitôt après le relogement de ses occupants, a été installé au cœur des convoitises et des luttes de clan entre des groupes d’individus voulant s’approprier l’endroit. Selon des témoins, habitants du quartier, des rivalités entre groupes d’énergumènes voulant squatter l’endroit ont failli, il n’y a pas longtemps, dégénérer en bataille rangée si ce n’était l’intervention des voisins qui firent appel aux services de police. Tenus informés, les agents de la délégation communale se sont rendus sur les lieux pour remettre en place et renforcer le mur de parpaing condamnant l’accès à l’immeuble et qui a été démoli par les squatteurs. Selon des observateurs avertis, la majorité des immeubles désaffectés les «mieux situés» sont toujours ciblés par différents profils de personnes, parfois des marginaux et des délinquants, mais le plus souvent par de véritables «courtiers» qui proposent le squat de la bâtisse, moyennant une belle commission. De coquettes sommes d’argent sont ainsi amassées par ces membres de réseaux mafieux, devenus «vendeurs auto-proclamés» de ces immeubles en ruine désaffectés. Et parmi les candidats au squat de vieilles bâtisses, comme pour les bidonvilles, on retrouve souvent des jeunes mariés avec un ou deux enfants, «lassés» de partager le petit appartement des parents situé dans un quartier populaire ou dans une cité d’habitat périphérique. On compte également des familles, sans grandes ressources, venues d’autres wilayas dans l’espoir de trouver dans la grande ville un meilleur horizon. Selon un dernier recensement effectué par les services de la wilaya, plus de 600 vieilles bâtisses menaçant ruine, à travers plusieurs quartiers, notamment à Sidi El Houari, Haï Derb, au centre-ville, Saint Eugène, Gambetta.., seraient à ce jour occupées par plus de 5 000 familles en attente d’un toit sûr et décent. Une situation qui dure depuis plus de cinquante ans. Et pourtant, chaque année, le discours officiel annonce des chiffres de réalisation et d’affectations de logements permettant largement de couvrir ces besoins spécifiques et urgents… Où faut-il chercher l’erreur ?
Par S.Benali