Depuis le début du mois sacré du Ramadhan, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) a multiplié les mises en garde contre les dérives de quelques médias audiovisuels privés de droit étranger.
Depuis sa création en 2015, l’ARAV que les spécialises du secteur qualifient le « gendarme de l’audiovisuel », veille à ce que les chaînes de télévision respectent, entre autres, les lois et règlements en vigueur, l’éthique professionnelle et des règles juridiques et réglementaires de la profession ainsi que les valeurs et les principes de la société algérienne.
Ainsi, à peine quelques jours après le début du mois du Ramadhan, une période où l’audience explose et les téléspectateurs algériens optent pour le contenu national, l’autorité a rappelé à l’ordre deux chaînes de télévision privées.
Il s’agit de Numidia TV qui a diffusé dès le premier jour du Ramadhan un épisode de l’émission de caméra caché intitulée « Ana Wradjli » (Mon mari et moi) dont le contenu est jugé subversif.
Pour l’ARAV, qui a adressé un avertissement à Numidia TV, la caméra cachée « Ana Wradjli » comprenait de « flagrantes infractions ayant entamé l’éthique professionnelle et attenté à l’ordre public ».
L’ARAV a indiqué dans un communiqué que « après avoir visualisé l’émission de caméra cachée intitulée ‘Ana Wradjli’, diffusée sur la chaîne privée Numidia TV le 24 avril, laquelle a suscité de vives réactions auprès de citoyens à travers les réseaux sociaux, mais aussi auprès de la presse nationale au sujet des infractions flagrantes entamant l’éthique professionnelle et attentant à l’ordre public, à la vie privée, à l’honneur et à la réputation des personnes loin de tout respect de la dignité humaine ».
À la suite de l’avertissement de l’ARAV et la réaction des téléspectateurs, Numidia TV a annoncé l’arrêt de la diffusion de l’émission de caméra cachée incriminée et l’ouverture d’une enquête interne.
Après Numidia TV, c’est autour de la chaîne privée Echourouk TV d’être rappelée à l’ordre par l’ARAV que lui a adressé un avertissement après la diffusion de la série humoristique « Dar Laadjab ».
L’autorité a indiqué dans un communiqué que le contenu en question contient « des propos malveillants portant atteinte à la dignité », outre « le non-respect des intérêts du pays ».
« Après avoir suivi la série humoristique Dar Laadjab en date du 27 avril diffusée par la chaine privée Echourouk TV, le réseau audiovisuel a relevé une déviation par rapport aux véritables objectifs du programme qui contenait des propos malveillants portant atteinte à la dignité, outre le non-respect des intérêts économiques et diplomatiques du pays et le non-respect des valeurs nationales et des symboles de l’Etat tel que définit dans la Constitution », a indiqué mercredi dernier un communiqué de l’autorité.
Ensuite, le président de l’ARAV a adressé, le 28 avril courant, via un appel téléphonique, « aux responsables de la chaîne, un avertissement oral pour ces graves dépassements », indiquant qu’ils « se sont engagés à arrêter le programme et à prendre des mesures pénales contre l’équipe de cette série », laquelle devait « faire l’objet d’un contrôle préalable par la chaîne », ajoute le communiqué de l’ARAV.
Appel au respect de l’éthique professionnelle
Suite aux dérives des deux chaînes privées, l’ARAV a rappelé jeudi dernier, une nouvelle fois, les médias au strict respect de l’éthique professionnelle et des règles juridiques et réglementaires de la profession.
Dans un communiqué conjoint du président de l’ARAV et du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, elle a mis en garde que tout manquement pourrait entraîner le retrait de l’autorisation d’exercer l’activité audiovisuelle octroyée par le ministère de la Communication aux chaînes de télévision de droit étranger.
Ainsi, l’ARAV a rappelé aux chaînes de télévision l’impératif «de se conformer strictement aux observations et recommandations émises dans ses communiqués du 23/03/2020 et du 22/04/2020».
Rappelant avoir salué «les efforts consentis par ces chaînes dans la couverture et le traitement médiatique de la pandémie du Covid-19», l’ARAV déplore des dépassements professionnels attentant à la morale, lors de la diffusion par certaines chaînes de programmes médiocres et immoraux durant le mois de Ramadhan.
L’autorité a affirmé que après les dépassements constatés, l’ARAV a adressé des avertissements à ces chaînes en vue de mettre fin à ces dérapages qui ne servent guère la scène médiatique, et le rôle qui incombe aux médias, à savoir la promotion de la créativité intellectuelle et artistique dans le respect des fondements et principes de la société et les valeurs religieuses et nationales».
L’ARAV invite également les autre chaînes à «bannir, dans leurs programmes pour le mois de Ramadhan, toute forme de violence, à respecter les principes de la profession et raffiner les goûts», appelant «à prendre les mesures appropriées pour faciliter l’accès des personnes aux besoins spécifiques aux programmes audiovisuels».
L’ARAV a affirmé enfin « être déterminée à promouvoir et réguler la scène audiovisuelle conformément à l’éthique de la profession », mettant en garde contre « tout manquement qui pourrait induire un recours au retrait de l’autorisation d’exercer l’activité audiovisuelle accordée par le ministère de la Communication aux chaînes de télévision de droit étranger ».
Samir Hamiche
Samir Hamiche