mardi , 21 mars 2023

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L’impasse

Ghassan Salamé a fini par jeter l’éponge. Le sixième envoyé spécial des Nations unies en Libye depuis 2011 a invoqué des raisons de santé pour justifier sa démission. Un stress trop pesant qui a fini par avoir raison de sa ténacité. Mais il faut dire que l’homme a eu, au fond, cette désagréable sensation qu’il a été berné tout ce temps par les différentes parties impliquées dans ce conflit. Moins, peut être, par les belligérants de l’intérieur, mais grandement par les pays qui soutiennent les parties en conflit.
En apparence, les Capitales étrangères qui nourrissent le chaos en Libye affichaient leur disposition à œuvrer à la solution du conflit, mais en sous main, l’histoire était tout autre. Et c’est ce qui a fini par avoir raison de l’envoyé de Antonio Guterres. La dernière rencontre à Genève, a en quelque sorte scellé les services de bons offices du diplomate libanais. La réunion qui devait réunir les hommes de Hafter et d’Es Seraj s’est terminée en queue de poisson et avec des représentants de seconde zone qui ne pouvaient pas grandement peser dans l’affrontement armé entre les soldats des deux hommes. La fin de mission de Salamé a été actée.
L’Onu a encore une fois échoué et son impuissance s’est, malheureusement pour la paix, confirmée dans cet autre dossier brûlant, tout comme ça été le cas en Syrie, au Yémen, et en d’autres contrées de conflit. Désormais les grandes Capitales mondiales et les puissances régionales ne font que rétrécir le rôle de l’organisation onusienne au point d’en faire un acteur mineur dans la gestion des affaires internationales.
Les intérêts de Paris, Moscou, Ankara, Le Caire ou Dubai dans le conflit libyen laissent peu de place à l’initiative onusienne. C’est un remake de la crise syrienne qui se reproduit dans ce pays maghrébin. Une source de l’intérieur même de l’ONU, a fait un constat froid et lucide de la situation, parlant d’« Un gâchis, Qu’on comprenne bien : il ne s’agit pas d’un échec personnel mais de la faillite de l’organisation onusienne, des Etats membres et des Libyens eux-mêmes».
Le départ de Salamé, comme celui de ses cinq prédécesseurs envoyés spéciaux en Libye, renseigne sur la complexité de ce dossier, qui est géré en réalité par des Capitales étrangères qui en ont fait le terrain de leurs guerres multiples qu’ils mènent un peu partout dans le monde, et en particulier dans le monde arabe, qui n’a pas fini de manger son pain noir, à cause de ses divisions, de sa faiblesse et de ses immenses richesses.
Par Abdelmadjid Blidi