Le relogement, dimanche dernier, de 153 familles titulaires de décisions de pré-affectations à une nouvelle fois provoqué un mouvement de contestation de dizaines d’autres familles se déclarant «injustement écartées» de la liste de distribution de logements. Ces familles habitant le vieux bâti au quartier d’El Hamri, ont bloqué la circulation sur l’avenue des Martyrs. Après avoir fermé, le matin l’avenue Cheikh Abdelkader durant plusieurs heures, les protestataires sont revenus le soir pour bloquer encore une fois l’avenue dans le quartier d’El Hamri. A Medioni, des dizaines de familles ont de leur côté, organisé un rassemblement près du siège du Secteur urbain pour dénoncer leur «exclusion» présumée de la liste d’affectation. En perturbant ainsi la circulation automobile, les familles contestataires tenaient à afficher leur colère et à revendiquer «une commission d’enquête pour réétudier les recours déposés» et «faire la lumière sur la composante de la liste des bénéficiaires» qui, selon eux, comportent plusieurs noms ne répondant à aucun critère de relogement.Beaucoup, parmi les contestataires, se demandent notamment pourquoi, «sur une même ruelle, certains ont été relogés alors que d’autres non». D’autres questions, parfois bien légitimes, sont posées par les «oubliés du relogement» qui affirment pour la plupart attendre un toit décent et avoir été «recensés» depuis longtemps. Au delà de la pertinence, réelle ou supposée, des arguments des contestataires des listes d’affectation, il faut bien admettre que ces mouvements de colère et de manifestations qui existent depuis toujours au détour d’une opération de relogement, reflètent l’ampleur des pressions, des attentes légitimes et des convoitises nourries par une politique de distribution du logement social qui mériterait d’être revue et corrigée. Sans remettre en cause ni dénigrer l’honnêteté et l’engagement de la majorité des fonctionnaires en charge de ce dossier, on peut cependant, affirmer que des lacunes et des dérives persistent parfois ici et là, permises par un manque de rigueur et de contrôle aux différents stades des opérations. En commençant par la maîtrise des flux de déplacement de population, d’une wilaya à une autre, d’une commune à une autre, d’un quartier à un autre, voire… d’un bidonville à un autre. Le squat des vieilles bâtisses dites «à risque d’effondrement», l’occupation des caves, vides sanitaires, ou terrasses d’immeubles, ou de structures communales telles que des vestiaires de stades, des locaux de fourrière canine, des espaces verts ou même de vieilles classes d’écoles, est bien la preuve d’un laisser-aller, d’un recul de l’Etat, laissant place à l’impunité et au laxisme triomphant.
Par S.Benali