C’est la disette. Le lait constitue le grand absent des étals des commerçants de la majeure partie des commerces de la wilaya. Pour cause, les distributeurs ont ouvert le front des hostilités en rentrant en grève illimitée.
Plus de 50 distributeurs agréés, ont dressé leur bivouac à l’entrée ouest d’Oran, très précisément à Ain El Beida, immobilisant leurs camions frigorifiques tout en jurant par tous les saints à livrer bataille jusqu’à la satisfaction de leur revendication portant sur la révision du prix de ce produit tant demandé: le lait.
Acquis au prix de 23.10 Da et cédé à 24.10, les grévistes interpellent le ministre l’invitant à revoir à la hausse la marge bénéficiaire qu’ils estiment de «dérisoire» ne faisant pas le «bonheur» de ces distributeurs. Cette démonstration de force vient, selon les grévistes, en réplique aux dernières déclarations du ministre du Commerce ayant menacé de sévir à l’encontre de tout contrevenant tentant de hausser le tarif de ce produit soutenu par l’Etat.
Dans ce sillage, rappelons que le ministre, dans sa dernière sortie médiatique, a été à la fois stigmatisant et menaçant en jugeant injuste, injustifié et illégal, que le prix de ce produit soit décidé à 30 Da le sachet. Les distributeurs, eux, voient tout le contraire. En fournissant le marché local par ce produit, les grévistes disent distribuer quotidiennement pas moins de 5 000 sachets au prix décidé par l’Etat sans pour autant juger utile de prendre en compte les charges pour lesquelles sont soumis ces commerçants-distributeurs à la lumière des augmentations lambda assumées par ces distributeurs en exerçant leur profession. Pour argumenter leurs dires, ils avancent les taxes et autres impositions fiscales revues à la hausse, l’augmentation des prix du carburant sans compter l’amortissement de leurs moyens de transports et de réfrigération alors que le lait est resté figé dans son prix initial, 23.10 da le sachet acquis à la première source: l’usine. Pour eux, de tels paramètres sont à prendre en compte.
Dans le tas, ils disent «subir des pertes sèches» en maintenant «la politique du même prix». En décidant de telle sorte tout au moins radicale et sans avertir, la première victime de ces commerçants n’est autre que le consommateur contraint de dénicher son petit lait à tout prix. Mais aussi, l’entreprise Gyplait n’est pas en reste de ce débrayage qui se retrouvera, sans aucun doute, de revoir sa production quotidienne à l’aune de ce vaste mouvement. Que fera-t-elle des 5 000 litres de lait qu’elle produit quotidiennement ?
Cette entreprise qui fournit toute la partie ouest du pays, subira sans aucun doute, des pertes sèches à la faveur de ce mouvement déclenché par ces distributeurs réclamant ce qui ne leur appartient pas, le prix soutenu par l’Etat.
Mohamed Aissaoui