Le Président a abordé d’innombrables autres sujets d’ordre politique, économique et social. Mais dans son discours, il est un fait que le mouvement populaire qui boucle sa première année d’existence, s’est focalisé sur la gouvernance et la corruption. Ce sont là, les principales revendications des Algériens et le Président l’a bien compris et entend mettre les cadres de la République en ordre de bataille pour les satisfaire.
Face aux cadres de la Nation, le président de la République ne s’est pas contenté de faire dans la pédagogie ou encore de développer un discours de circonstance. Abdelmadjid Tebboune a été au fond de la problématique algérienne. Il a déterré les tares, les complexes et les travers du système finissant, histoire sans doute de solder une époque pour en ouvrir une autre. Sur toutes les questions qui taraudent l’esprit des Algériens, le Président ne s’est pas suffi d’un simple pansement. Il a mis le doigt là où ça fait mal et instruit les cadres et les élus de la Nation pour soigner les maux qui rongent la société et l’Etat. L’une des médications les plus sûres et pérennes et garantit une réelle émancipation de la Nation, c’est bien entendu le rapprochement de l’administration de la population. Il faut «briser le cloisonnement entre les citoyens et l’Etat», insistera-t-il.
Mais cette action ne peut être spontanée. Elle est fonction de facteurs prépondérants, que sont la révision profonde de la Constitution et la lutte acharnée contre la corruption. Sur le premier dossier, sans doute le plus lourd et le plus déterminant de son quinquennat, le président est déterminé : «J’ai insisté sur le fait qu’il n’existe aucune restriction» dans la révision de la Constitution. Et d’insister : «Hormis ce qui a trait à l’unité nationale et à l’identité nationale». L’engagement est on ne peut plus clair. Le président ne veut pas d’une Constitution à sa taille, mais celle d’une République nouvelle qui aspire à la modernité, à l’égalité entre les citoyens et à la solidarité. La prochaine Constitution «consacrera la séparation des pouvoirs pour définir les missions de chacun. Cela nous permettra de rompre avec les anciennes pratiques et les dérapages de l’autocratie», insistera le chef de l’Etat. «Nous devons bâtir ensemble une démocratie réelle et solide, non conjoncturelle et pas sur mesure. Nous empruntons progressivement cette voie», a encore asséné Abdelmadjid Tebboune.
Parmi les suggestions confirmant la volonté d’édifier un Etat digne de ce nom, le Président de la République a évoqué la création éventuelle d’une Cour constitutionnelle indépendante qui se prononcera sur les litiges opposant les Pouvoirs.
La nouvelle Constitution qui sera suivie par une batterie de lois, dont celles relatives aux élections, sera manifestement le socle de la nouvelle République et traduira la volonté de toute l’Algérie d’aller de l’avant. Mais cela ne saurait se réaliser en l’absence d’une gouvernance débarrassée des tares du passé. Et parmi les écueils qu’il va falloir enlever sur le chemin de la société, c’est bien entendu le fléau de la corruption.
Sur le sujet, le Président de la République n’a pas été par quatre chemins. Il a lourdement insisté sur l’impératif de poursuivre la lutte contre la corruption et l’abus de fonctions. «Nous devons poursuivre rigoureusement la lutte contre la corruption et l’abus de fonction», a tonné le chef de l’Etat, convaincu que «le citoyen est en droit de bénéficier des services de l’administration et de demander les documents dont il a besoin, sans qu’une quelconque compensation ne lui soit exigée en contrepartie». Il a rappelé à ce propos, l’existence de pratiques «inacceptables» exercées par l’administration contre le citoyen. «L’abus de fonction dans le but de s’enrichir reste illicite (Haram), d’où l’impératif de lutter contre ce phénomène car nul n’a le droit d’exiger au citoyen une compensation en contrepartie d’un service», a ajouté le Président Tebboune, appelant les responsables concernés à honorer leurs engagements vis-à-vis du citoyen qui «sait pertinemment distinguer le véritable responsable, de celui qui veut gagner du temps». Le Président sait parfaitement de quoi il parle et révèle devant un auditoire de responsables de l’administration locale, la délivrance, rien qu’à Alger, de 16.800 certificats de résidence falsifiés. Ces documents étaient vendus à 1.500 Da pièce. Les administratifs qui se rendent coupables de tels agissement n’ont pas leur place dans l’Algérie de demain, semble dire le chef de l’Etat. Et pour cause, il s’agit d’un sujet «sensible touchant directement le citoyen», a insisté le Président, relevant toute l’importance de combattre ce phénomène, et ce, «quelle que soit la personne impliquée».
Le Président a abordé d’innombrables autres sujets d’ordre politique, économique et social. Mais dans son discours, il est un fait que le mouvement populaire qui boucle sa première année d’existence, s’est focalisé sur la gouvernance et la corruption. Ce sont là les principales revendications des Algériens et le Président l’a bien compris et entend mettre les cadres de la République en ordre de bataille pour les satisfaire.
Nadera Belkacemi