«En application des instructions du président de la République…». Ce début de phrase revient très souvent dans des articles de presse et certains communiqués officiels des autorités locales évoquant des actions et des opérations inscrites sur leur feuille de route. Il est vrai que le plus souvent, le programme de développement local retenu par les pouvoirs publics, reste globalement dicté par les gouvernants, au niveau central, qui depuis toujours acceptent ou refusent les projets et les demandes de financement proposés par les collectivités locales. S’agissant de la bataille pour l’éradication des bidonvilles qui dure depuis des décennies ou celle, plus récente, engagée pour l’amélioration de l’état des lieux dans les «zones d’ombre», on observe bien que les objectifs dictés s’inscrivent dans une vision politique et une démarche que nul ne peut remettre en cause sans risque d’être exclu des rangs des gestionnaires-décideurs.
Fatalement, tous les responsables locaux qui se succèdent au chevet d’une grande collectivité locale, appliquent à la lettre les instructions de la hiérarchie même s’ils savent parfois que les actions engagées ne suffiront pas forcément à atteindre les nobles objectifs escomptés, notamment en matière de politique du logement ou de Santé publique qui restent encore à la traîne, malgré les crédits colossaux investis par l’Etat dans ces domaines. Dès le début de son mandat, le Chef de l’Etat avait demandé à tous les responsables et acteurs politiques et sociaux de supprimer du vocabulaire le fameux «fakhamatou» à l’adresse du Président.
Il avait ensuite suggéré d’éviter le recours abusif aux formules «A la demande» ou «Sur instructions» du Président toujours usitées actuellement. Même si cela ne suffit guère à changer radicalement certaines pratiques et mentalités ancrées sur le «besoin d’allégeance» et de culte de la personnalité, on peut espérer toutefois une première ouverture vers plus de débats, d’initiatives locales et de critiques constructives des politiques publiques jusqu’ici dictées par l’administration centrale…
Par S.Benali