On a cette sensation, et ce n’est là qu’une sensation, que le plus dur dans le coronavirus est derrière nous. Ceci n’est pas propre uniquement à l’Algérie. Mais un peu partout dans le monde, on a l’impression que le virus n’est pas aussi virulent qu’il ne l’était et que surtout il n’est plus aussi létal qu’aux deux mois de février et de mars.
Une impression qui a poussé plusieurs pays à penser déjà à reprendre le cours normal de leur vie. Dans les pays les plus meurtris à l’image de l’Italie, l’Espagne ou la France, la réflexion est totalement consacrée au déconfinement. Il faut dire que les chiffres de ces quatre derniers jours ont été des plus encourageants. En Espagne par exemple, le nombre de morts est descendu au-dessous de 300, chose inimaginable et inespérée, il y a à peine 10 jours de cela. Et c’est pratiquement les quasi mêmes chiffres en Italie.
Pour ces deux pays, en particulier, qui ont payé le prix fort face à ce virus puisqu’ils ont dépassé chacun le seuil des 20.000 morts depuis fort longtemps, de tels chiffres et de tels développements permettent tous les rêves. Permettent tous les rêves certes, mais sont à coup sûr, un piège mortel qui risque à tout moment de replonger et ces pays et le monde dans une horreur encore plus apocalyptique que celle vécue depuis le mois de février.
Dans ces pays, y compris en Algérie, il est bien trop tôt pour crier victoire. La crainte d’une deuxième vague encore plus meurtrière est encore là. Ceux qui baisseront les bras les premiers la prendront en plein visage et risquent bien de ne jamais s’en remettre. Car avec un personnel sanitaire déjà éreinté et au bord de la syncope, il sera bien difficile de remobiliser les troupes.
La guerre contre le coronavirus est loin d’être terminée. Ce n’est peut-être là que le début d’une autre bataille qui ne saura être gagnée qu’avec la mobilisation de tous. Toute démobilisation, toute indiscipline, tout relâchement coûtera cher. Et c’est malheureusement ce que nous constatons ces derniers jours. Les gens respectent de moins en moins les consignes de confinement, et nous assistons au retour des vieux réflexes d’avant mars 2020.
Des comportements qui ne feront que perdurer la crise et éloigner la sortie de ce cauchemar qui a pris en otage l’humanité entière. Il serait malheureux aujourd’hui, alors que nous sommes à juste quelques semaines d’arriver à bout de cette pandémie, de se voir obliger de tout reprendre à zéro et de replonger dans le drame.
Par Abdelmadjid Blidi