Le secteur public marchand composé d’une douzaine de groupes industriels, activant dans divers domaines, est fortement soutenu par l’Etat depuis plus de deux décennies. Ces entreprises publiques appartenant à l’Etat ont été financées à hauteur de près de 250 milliards de dollars durant les 25 dernières années.
Le secteur public marchand est composé d’importantes entreprises nationales activant notamment dans la sidérurgie et la métallurgie, les industries de textile et du cuir, l’agro-industrie, les ciments, la chimie, la mécanique, l’industrie pharmaceutique, les mines, le tabac, l’électronique et l’électroménager… etc.
Pour soutenir ces entreprises dont un certain nombre fait face à des difficultés cycliques, l’Etat a alloué un budget avoisinant les 250 milliards de dollars durant les 25 dernières années, a indiqué le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective, Mohamed-Cherif Belmihoub.
Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le ministre délégué estime que «le budget de l’Etat ne peut plus supporter les défaillances de certaines entreprises publiques». Pour réduire un tant soit peu la dépendance des groupes publics au financement de l’Etat, le ministre délégué énumère une série de propositions. Il propose de lancer des réformes au profit des entreprises en difficulté en lançant leur restructuration.
Ainsi, il souligne l’impératif de mettre en œuvre une réelle réforme du secteur public, notamment en ce qui concerne les droits de propriété.
Il trouve anormal que l’Etat subventionne ces entreprises au lieu d’intervenir par le capital de celles-ci.
«Un État propriétaire intervient sur son entreprise par le capital et non par la subvention qui produit de la perversion. On est en droit de se poser la question pourquoi ces entreprises sont aujourd’hui sous capitalisées ?», s’est-il interrogé.
Le ministre délégué a appelé à mettre en place une réflexion portée sur un nouveau schéma, impliquant le redéploiement ou la restructuration de certaines entreprises publiques, «tout en réglant au préalable la problématique du droit de propriété pour définir le concept de l’État propriétaire d’une entreprise publique et le management à mettre en place dans ces entreprises dans le cadre de contrats de performance», a-t-il déclaré à l’émission «L’invité de la Rédaction».
M. Belmihoub a indiqué que les entreprises publiques doivent jouir d’une plus grande autonomie. Cette autonomie permettra à ces entreprises de prendre des risques, soulignant que le projet de dépénalisation de l’acte de gestion allait dans ce sens.
Le ministre délégué a appelé également à rationaliser la dépense publique, tout en élargissant l’assiette fiscale et en augmentant son rendement, et ce, dans l’optique d’améliorer les recettes publiques.
M. Belmihoub a indiqué dans ce cadre que les facteurs de succès, en ce qui concerne la création de richesses, se résument dans la gouvernance et la régulation. Outre le soutien et l’encadrement de l’activité des entreprises déjà existantes, le ministre délégué a proposé quelques dispositions aidant à créer des sociétés de taille moyenne.
Il a ainsi plaidé pour faciliter la création d’entreprises, notamment celles de taille moyenne (ETI). Il a toutefois, affirmé que cet objectif passe par la lutte contre la bureaucratie, jusqu’à mettre fin à ce phénomène, et ce, avec l’appui de la numérisation.
Il propose aussi des pistes pour réduire le poids de l’administration dans la gestion des entreprises. Il a estimé que le marché doit constituer le principal élément de la régulation et non l’administration «qui doit contrôler et mettre les règles». Il a ainsi plaidé pour que la commande publique passe par le marché au lieu d’être octroyée directement aux entreprises publiques.
Pour le ministre, la concurrence est une condition sine qua none pour avoir de l’innovation, appelant à cette occasion à réduire le recours au gré à gré dans les marchés publics. «Il n’y a pas de meilleur facteur d’efficacité que le marché. C’est avec la concurrence qu’on peut avoir de l’innovation et une meilleure allocation des ressources publiques», a-t-il affirmé, ajoutant que le gré à gré doit constituer une exception et non pas la règle.
Évoquant l’importante dépendance aux hydrocarbures, le ministre délégué a indiqué qu’afin que l’Algérie réduise cette dépendance, il faut réaliser une croissance forte.
Cet objectif peut être atteint en portant à la baisse le taux de chômage chez les jeunes. M. Belmihoub a listé quelques leviers de croissance pouvant être mis en œuvre au niveau de certaines activités traditionnelles mais également au niveau du secteur des mines, celui de l’industrie pharmaceutique ainsi qu’au niveau de l’industrie des énergies renouvelables.
Samir Hamiche