mercredi , 7 juin 2023

Profession: «Constructeur-vendeur» de baraques de bidonvilles

Depuis une semaine à Oran, des informations circulent faisant état de plusieurs enquêtes menées par les services de police de la Wilaya pour mettre un terme aux activités mafieuses de groupes d’énergumènes «spécialisés» dans la réalisation puis la vente de constructions illicites. Selon une source proche du dossier, ce créneau de trafic illicite n’a pas cessé de reprendre de l’ampleur ces derniers temps, favorisé explique-t-on par les grandes opérations de relogement des occupants de bidonvilles lancées depuis ces cinq dernières années. A travers les communes de la Wilaya, notamment à Oran, Bir El Djir, Ain El Turck et Es-Sénia, la prolifération de l’habitat précaire demeure proportionnelle, voire dépasse le nombre de taudis démolis par les pouvoirs publics. Et c’est la première fois semble-t-il, que les autorités concernées, Wilaya, policiers et gendarmes, coordonnent leurs actions à travers une procédure administrative allégée permettant d’intervenir rapidement pour mettre en échec et stopper des tentatives de constructions de bidonvilles. Mais jusqu’ici, les poursuites pénales pour occupation illicite du domaine de l’Etat, n’avaient aucune chance d’aboutir pour de multiples raisons liées à la conjoncture politique et sociale que tout le monde connaît. Une conjoncture forgée par des décennies de démagogie et de laxisme de la part d’un régime aux commandes qui ne s’intéressait lui-même qu’aux intérêts de ses parrains et à leur enrichissement rapide. «J’ai moi aussi le droit de construire un abri car, le sol algérien appartient à tous les Algériens…» lançaient très souvent les occupants de maisons illicites que l’on voulait évacuer. Au final, seul le recasement dans des logements neufs a permis d’éradiquer bon nombre de sites de bidonvilles. Certains, une fois démolis, ont vite fait de réapparaître au même endroit, sous l’œil indifférent, voire complice, de certains fonctionnaires et élus communaux pervertis par la course aux prébendes et à l’argent facile. A Oran, beaucoup semblent avoir oublié ces anciens sites, tels que Douar El-Flalis, Douar Et-Tiartia, Douar Cheklaoua démoli à cinq reprises en moins de quarante ans, Douar El Kharoub et bien d’autres noms de villes, de plantes ou d’animaux donnés à ces floraisons de misères devenues de vraies métastases urbaines. Il est temps que les gouvernants de cette nouvelle République en chantier, reprennent les choses en mains et quittent ce vieux registre du «laisser faire – laisser aller» au nom du maintien d’un «ordre social» qui ne profite en vérité qu’aux trafiquants et aux mafieux.
Par S.Benali