dimanche , 28 mai 2023
<span style='text-decoration: underline;'>Préservation des espaces verts et des alignements boisés</span>:<br><span style='color:red;'>Qui est responsable de quoi?</span>

Préservation des espaces verts et des alignements boisés:
Qui est responsable de quoi?

Il y a plus d’un mois, sur le boulevard de la Soummam, les services communaux avaient procédé à l’abattage d’un vieux palmier malade, infecté par un parasite ravageur, et qui menaçait de s’effondrer sur la chaussée ou le trottoir de cette avenue, risquant de blesser ou de tuer des passants.

Sans même s’interroger sur les raisons qui ont motivé cette action urgente de prévention, certains riverains sont montés au créneau de la « colère et de la dénonciation» d’un «acte criminel» portant atteinte, disaient-ils sur les réseaux sociaux, à la préservation du patrimoine urbain de la ville». Les polémiques et les critiques abusives allaient dans un premier temps, s’amplifier à la faveur d’un curieux silence observé par les responsables des différentes structures de wilaya concernées par la question. Selon un confrère de la presse locale, le wali lui-même aurait dans un premier temps fait l’impasse sur les raisons techniques et sécuritaires motivant l’enlèvement du palmier malade et son remplacement immédiat, estimant, a-t-il dit, que «personne n’a le droit de toucher à un arbre… le palmier n’appartient à personne, ni à un wali ni à un Maire… ». Mais il semblait bien alors, selon une source proche du dossier, que le grave problème de contamination des palmiers par un parasite s’attaquant à l’intérieur du tronc, n’était pas encore pris en considération par les différents acteurs officiels en charge de la protection des végétaux et de l’environnement. Seul, il faut l’admettre, les services en charge de l’environnement à l’APC et les experts de l’Institut des végétaux de Misserghine étaient alarmés par ce fléau venu détruire les palmiers centenaires de la ville d’Oran.
Alertés par les riverains du Bd de la Soumam qui signalaient depuis quelque temps, l’émanation d’odeurs pestilentielles émanant de l’arbre malade, les services de l’APC avaient officiellement informé les structures de wilaya concernées sur l’urgence d’une action préventive d’enlèvement du palmier.
Par ailleurs, et conformément à l’article 89 du code communal, le Maire d’Oran a usé de ses prérogatives pour écarter un danger imminent pesant sur les citoyens. En collaboration avec l’Institut de protection des végétaux et des associations versées dans le créneau, l’APC a engagé des opérations de désinfection, de nettoyage et d’arrosage étudié des palmiers, en attendant, ou espérant, un moyen de traitement radical permettant d’éradiquer ce parasite ravageur, venu disent certains, du pays voisin.
Mais cette «affaire» du palmier enlevé et remplacé, a eu le mérite de mettre en évidence certaines insuffisances, carences et paradoxes dans l’organisation et la gestion locale des dossiers de l’environnement et de préservation de la verdure en milieu urbain. Des observateurs avisés indiquent qu’en matière d’organisation des structures et de répartition des attributions, des décisions ont été prises qui ne répondent pas forcément à l’objectif d’efficacité et de rendement en ce domaine. Citant la création, en 2018, d’une commission de wilaya chargée de la préservation des espaces verts et des alignements boisés, un expert oranais estime que cela a engendré des chevauchements d’attribution et un abandon des responsabilités de la part de certains acteurs du terrain qui s’estiment à juste titre, «écartés».  Avec la direction de l’Agriculture, les organismes de protection des végétaux, la conservation des forêts, la direction de wilaya de l’environnement, la division communale de l’environnement et des espaces verts, et même les services de police, on pourrait croire que cette commission de wilaya créée par l’ancien wali, Mouloud Chérifi, devait avoir un rôle de coordination, de recensement des «points noirs» et de suivi des actions. En fait, elle vient de se transformer en institution, presque en organisme spécialisé allant jusqu’à vouloir assurer «la protection de toutes sortes de végétations des différents risques et menaces».
Se substituant au rôle et à la mission de la Commune, tels que définis par les textes, la Commission de Wilaya vient d’annoncer qu’elle allait «procéder au recensement des alignements boisés à l’intérieur du tissu urbain et  numéroter chaque arbre pour procéder à leur classement comme «patrimoine du domaine public» afin de les protéger». Bien plus que d’une numérotation, les palmiers d’Oran ont surtout besoin aujourd’hui d’un remède et d’un traitement préventif permettant de les sauver de la cétoine, un parasite invasif qui les dévorent doucement mais sûrement. S’agissant de la préservation des alignements d’arbres en milieu urbain, la Commission de Wilaya chargée de l’environnement, tout comme la Direction de wilaya, n’ont jamais cru utile de se pencher sur le contenu des opérations engagées en matière de plantations d’arbres le long des axes routiers. Il y a quelques jours, on a appris que la conservation des forêts a remis en cause le choix des palmiers comme unique espèce d’arbres devant être plantés pour l’embellissement des sites urbains. Préconisant le Ficus en remplacement du palmier, les experts du secteur des forêts ont expliqué que des études ont démontré l’efficacité de cet arbre pour fixer les gaz à effet de serre et piéger les particules de métaux lourds et autres polluants toxiques pour la santé humaine, que génère le transport en milieu urbain, ainsi que pour la réduction des effets de l’intensité solaire sur les trottoirs et donc les piétons. On peut en tout cas, s’interroger légitimement sur ces campagnes de plantation massives de palmiers, lancées à Oran depuis une décennie, et fortement contestées par certains urbanistes et paysagistes.
D’autant plus que sur les centaines de milliers de palmiers «plantés», ou plutôt installés, beaucoup se sont fanés et dépérissent chaque année sans que personne ne réclame de bilan ni pose de questions sur l’efficacité et les résultats de ces opérations de plantations de palmiers qui ont englouti des sommes d’argent considérables.
Il est vrai que les palmiers du Front de mer et du Bd de la Soumam, âgés de plus de cent ans, s’inscrivent aussi en symbole dans les belles images de la Capitale oranaise en quête de plus de progrès et de modernité. L’option du Palmier dans les plantations d’embellissement, ne doit donc pas être systématiquement remise en cause, mais plutôt mieux étudiée et encadrée par les professionnels concernés et non pas par des acteurs de la bureaucratie envahissante, responsables autoproclamés, faussement installés au chevet de l’avenir urbain de la Cité…
Si Youcef Benali