Tandis que la pandémie du coronavirus continue de sévir à travers le monde, les musulmans tentent comme ils peuvent de s’adapter à la situation sanitaire exceptionnelle qui rend ce mois de Ramadhan unique en son genre. Les dispositifs arrêtés par les autorités sanitaires visant à maintenir le confinement durant le mois de Ramadhan, n’ont évidement pas été remises en cause ni par les élites religieuses du pays, ni par une majorité de citoyens pratiquants, même si beaucoup ressentent une sorte de déchirement face à l’annulation de la prière de Tarawih. Une prière, rappellent des imams, qui est surérogatoire, et qui même souvent n’a pas été faite par le Prophète lui-même (que la paix et le salut soient sur lui) de peur, disent des islamologues, qu’elle ne devienne obligatoire. Mais à Oran, comme peut-être ailleurs, certains résidents de quartier évoquent, selon des témoins, la possibilité de contourner la fermeture des mosquées et de s’organiser pour accomplir les prières du Tarawih en se retrouvant dans des espaces ouverts de résidences privées ou sur des terrasses de grandes villas, voire d’immeubles facilement accessibles. Même si de telles perspectives sont condamnées et déclarées même interdites par la religion, on ne peut exclure ici ou là, certaines pratiques nihilistes prônées par les adeptes du refus du confinement et de ses répercussions sur l’activité religieuse collective. Un bon nombre d’acteurs, inscrits dans certaines sphères religieuses, prônant l’atavisme et la régression, colportent encore des discours de rejet de la réalité sanitaire et des dispositifs arrêtés pour lutter contre le Covid 19. Au quartier HLM, les hauts parleurs de la Mosquée ne cessent, toute la journée, de diffuser les versets du Coran dans des conditions inaudibles, même pour ceux qui veulent bien y prêter attention. Malheureusement, les bruits de la rue, de la circulation et le chaos sonore du marché illicite, empêchent forcément la bonne écoute du Coran diffusé à pleins décibels par l’Imam du quartier. «Il m’empêche surtout de lire tranquillement et dans le calme le Coran à la maison… Il devrait attendre le soir, quand les gens rentrent tous chez eux, pour lancer les hauts parleurs «, lance timidement un vieux résident du quartier. C’est là certes, un détail, mais combien révélateur du déficit de contrôle et de fonctionnement rigoureux de certaines mosquées. Il est vrai que l’on peut difficilement interdire à un petit groupe de fidèles de se réunir pour une récitation collective du Coran, propre à notre culture religieuse et à nos traditions. Mais il faut bien faire respecter les mesures de distanciation et de confinement indispensables à la lutte contre la pandémie du coronavirus…
Par S.Benali