Le plus important chantier auquel s’est attelé le ministre, et en a fait sa première priorité tient dans l’établissement du «consensus conceptuel pour une pratique sereine et apaisée du métier qui concilie liberté et responsabilité». Un challenge de tous les jours, sachant que le professionnalisme des médias «a pour base de départ le civisme et toute une chaîne de valeurs éducatives».
Les dix chantiers initiés par le ministre de la Communication sont sur la bonne voie. C’est ce qu’a révélé en substance le premier responsable du secteur, lors d’un entretien au quotidien El Moudjahid. On retiendra de l’entretien, outre les aspects professionnels, une question relative aux campagnes médiatiques ayant ciblé l’Algérie, M. Belhimer a tenu à rassurer que «l’Algérie nouvelle, telle que déclinée par le président de la République, M. Abdel-madjid Tebboune, a bien évalué l’importance des enjeux à l’ère des guerres médiatiques, à visée néocolonialiste, et des cyber-attaques». En ce sens, il a rappelé que le chef de l’Etat «fait de la communication l’un des axes favoris de la nouvelle République à travers la création d’un environnement favorable au renforcement du professionnalisme des médias et des journalistes».
Par ailleurs et semblant confiant dans l’aboutissement des projets lancés dans la foulée de sa nomination à la tête du secteur, Ammar Belhimer n’a pas manqué de souligner le fait que «la plupart de ces chantiers sont bien avancés, notamment ceux visant à mettre en place un cadre juridique adéquat pour régir le secteur de la presse électronique». Un aspect que le ministre a déjà qualifié de stratégique, au sens où l’Etat se dit déterminé à faire éclore et accompagner la digitalisation des médias nationaux. A côté de cet acquis juridique, M.Belhimer évoque la mise à jour des statuts de TDA pour la commercialisation des produits offerts par Alcomsat-1, la publicité et le sondage, comme autant de chantiers sur le point d’aboutir.
Il reste que le plus important chantier auquel s’est attelé le ministre, et en a fait sa première priorité tient dans l’établissement du «consensus conceptuel pour une pratique sereine et apaisée du métier qui concilie liberté et responsabilité». Un challenge de tous les jours, sachant que le professionnalisme des médias «a pour base de départ le civisme et toute une chaîne de valeurs éducatives». Ce n’est pas de l’angélisme, puisque le ministre est conscient que le métier est traversé par des comportements nuisibles. En cela, sa conviction est que «la haine, le racisme, le régionalisme, le sectarisme, la violence expressive et toute autre forme d’exclusion» n’ont pas de place dans l’organisation de la profession. Il dira à ce propos que ces mauvais sentiments représentent «l’exacte exécrable antithèse de cette chaîne des valeurs éducatives qui doivent être combattus sans relâche».
Cela pour l’aspect conceptuel de la mission ministérielle. Pour le reste, c’est à dire les 9 autres chantiers, Ammar Belhimer les place dans la vision de l’Algérie nouvelle et affirme que dans l’approche de son ministère «il n’existe pas de différence entre médias publics et médias privés». Pou M.Belhimer, les médias dans leurs différents statuts sont des «partenaires, dont la mission commune est le raffermissement de la liberté d’expression et la promotion du droit à l’information». A ce propos, le ministre de la Communication annonce que les médias publics audiovisuels et écrits sont appelés à être «réorganisés de manière profonde». Il s’agira de «les moderniser et les transformer en entreprises organisées en portails numériques offrant des produits variés», souligne-t-il. Il ne faut pas croire que la mission soit aisée, bien au contraire.
Plus globalement, le ministre révèle que les chantiers de la réforme se déclinent en deux grandes «préoccupations», que sont le «raffermissement de l’exercice démocratique» et l’encadrement juridique des activités de communication. Et c’est un immense chantier en soi. Et pour cause, cela regroupe la codification de l’activité de presse électronique multimédias, la loi sur la publicité, le sondage d’opinion, les agences de communication, l’autorégulation de la presse écrite et le rapatriement juridique et technologique des chaînes de télévision privées.
Pour ce qui est de la presse privée, il a indiqué que «le rôle de l’Etat est de réguler l’activité des journaux, de veiller au respect de la réglementation en vigueur et des règles de la concurrence, ainsi qu’à l’équité dans l’accès à la publicité publique». Au sujet de l’audiovisuel, M. Belhimer a relevé que «la loi organique sur l’information va inévitablement engendrer la révision de la loi relative à l’audiovisuel, notamment en ce qui concerne l’élargissement du champ audiovisuel au privé pour englober les chaînes à caractère général et non plus thématique, comme elles sont injustement qualifiées aujourd’hui». L’on apprendra sur cet aspect qu’en Algérie activent 50 chaînes privées, toutes régies par le droit étranger. Dans le lot 6 chaînes seulement sont titulaires d’une accréditation provisoire pour l’ouverture de bureaux de représentation en Algérie.
Au sujet des «journalistes arrêtés et placés en détention provisoire», M. Belhimer a affirmé qu’ «il n’existe pas de prisonniers d’opinion en Algérie». Pour le ministre, «il n’existe pas meilleure protection pour le journaliste que de respecter l’éthique et la déontologie dans l’exercice de sa profession», ajoutant qu’il est «inconcevable qu’un professionnel de la presse puisse avoir des démêlées avec la justice s’il exerçait son métier dans le respect de la loi».
Yahia Bourit