Trois départements ministériels ont scellé, jeudi dernier, une coopération en vue de faciliter la réinsertion des détenus dans le monde professionnel. Dans le but d’assurer la réinsertion professionnelle des détenus, une convention a été signée par les ministres de la Justice et de la Formation et de l’enseignement professionnels et le ministre délégué chargé des micro-entreprises.
Les trois départements, qui se sont félicités de la mise en place de cette coopération, ont souligné que celle-ci aura aussi l’objectif, en plus de la réinsertion, de prémunir cette catégorie contre les risques de récidive.
À l’issue de la cérémonie de signature, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Belkacem Zeghmati, a déclaré que l’objectif recherché est de favoriser la réinsertion sociale d’une frange fragile de la société en vue d’une participation collective à la recherche d’une solution à une problématique étroitement liée à l’ordre public et à la paix sociale.
Le ministre a indiqué que la mission de la réinsertion ne concerne pas que son département mais «incombe aussi à d’autres instances étatiques». M. Zeghmati a indiqué qu’un comité interministériel, comprenant 22 secteurs, a été institué pour accompagner les détenus pendant l’exécution de la peine d’emprisonnement et après la mise en liberté, citant la loi portant Code de l’organisation pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus.
Le ministre a souligné l’impératif de former les détenus dans les spécialités dont le marché du travail a besoin.
Il a appelé dans ce cadre à orienter les détenus vers les programmes qui répondent à des besoins effectifs, garantissent un accès au marché de l’emploi et réunissent les conditions nécessaires à la réussite de leur projet professionnel de sorte, a-t-il dit, qu’ils soient mis définitivement à l’abri des risques de récidive. Pour le ministre, les conditions de la réussite seront réunies par les pouvoirs publics. Ainsi, il a affirmé que la formation dispensée pour les détenus est soumise aux mêmes systèmes en vigueur dans les centres de formation professionnelle, que ce soit au niveau des ateliers de formation professionnelle ou, dans le cadre du régime de la semi-liberté, au niveau des centres de formation professionnelle.
Il a annoncé l’activation de ce système, au regard de son importance, dans les établissements pénitentiaires.
En termes de chiffres, le ministre a donné un aperçu quant à l’évolution du nombre de détenus ayant bénéficié de formations durant les deux dernières décennies.
«Le nombre des détenus inscrits est passé de 797 durant la saison 1999/2000 à 41.408 en 2019/2020 de même que le nombre des filières, qui a augmenté durant la même période, de 25 à 134 filières et spécialités, outre les structures pédagogiques modernes et ateliers de pratique équipés», a-t-il dit.
Outre le volet lié à la formation, les statistiques de la réinsertion dans le monde professionnel ont été avancées par le membre du gouvernement.
Dans ce cadre, il a expliqué que le secteur des établissements pénitentiaires dispose de «24 exploitations agricoles, dont 12 en environnement ouvert, 12 jouxtant les établissements pénitentiaires de plus de 357.7 ha outre les 112 ateliers de production répartis sur 35 établissements pénitentiaires.
Pour l’année 2020, le ministre a précisé que le nombre des personnels dans les ateliers agricoles a atteint 1015 détenus, ayant bénéficié d’une formation professionnelle et de perfectionnement en collaboration avec les centres de formation professionnelle dans les spécialités industrielles, agricoles et artisanales».
M. Zeghmati a ensuite détaillé les mesures prévues par la Convention. Il a indiqué que celle-ci comprend «des dispositions efficientes garantissant la continuité de la formation à son terme, et même après la libération. Elle permet aux détenus transférés dans d’autres établissements pénitentiaires durant la période de formation de poursuivre leur formation dans la même spécialité.
De même qu’elle permet aux détenus libérés avant la fin de leur formation de rejoindre l’établissement public de formation professionnelle le plus proche de leur lieu de résidence pour poursuivre la formation dans la même spécialité.
S’agissant des dispositions prévues après la fin de la période carcérale, concernant l’obtention par les ex-détenus des postes d’emploi, des accords de coopération ont été signés par le ministère de la Justice avec les ministères et les organismes chargés du soutien à l’emploi, à leur tête l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade).
En effet, la mise en application de cette convention s’est soldée par la création de micro-entreprises par 441 détenus libérés jusqu’à juin 2020 ce qui a permis la création de postes d’emploi, indique-t-on.
S’agissant des impressions données par la responsable du département de la Formation et de l’Enseignement professionnels, la ministre, Houyam Benfriha, a affirmé que cette Convention constitue un «nouveau jalon dans l’édifice du partenariat dans le cadre de la coopération intergouvernementale», soulignant que son secteur «est chargé du développement de la formation au profit des détenus (…). Le nombre des bénéficiaires d’une formation professionnelle parmi la population carcérale a connu une hausse notable, dépassant annuellement les 40.000 inscrits dans diverses spécialités».
Elle a qualifié la coopération scellée entre trois départements ministériels du «fruit d’une coordination permanente en matière de prise en charge des détenus leur réinsertion dans la vie sociale après leur remise en liberté».
La ministre qui a évoqué de «nouvelles mesures dans cette Convention, «notamment en matière de formation en apprentissage», a relevé «la création de Maisons d’accompagnement et d’insertion dans le secteur de la Formation et de l’Enseignement professionnels pour le suivi des détenus lors et après l’obtention d’un diplôme en vue de les aider à créer leurs micro entreprises une fois en liberté».
Par ailleurs, l’importance de la Convention et de «son rôle dans la prise en charge» de cette catégorie, qui traduit la coopération entre les trois secteurs, soulignant l’impérative «implication de toutes les catégories de la société dans le programme du Gouvernement pour la revitalisation de l’économie nationale», a été mise en exergue par le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des micro-entreprises, Nassim Diafat.
Pour le ministre délégué, «l’association de la catégorie des détenus dans la concrétisation de cet objectif à travers leur formation constitue «un cadre important à la réinsertion de ces jeunes ayant commis des erreurs à l’encontre de la société». Le ministre s’est engagé, enfin, à «Veiller à la concrétisation de cet objectif en déployant tous les moyens possibles».
Samir Hamiche