mardi , 21 mars 2023

:
Un accord et des doutes

L’accord est qualifié d’historique. Les Américains et les talibans ont fini, après des mois de négociations, par signer un accord au terme duquel les forces américaines se retireront de l’Afghanistan dans un délai de 14 mois. Un accord qui met fin à 18 ans de présence américaine dans ce pays, décidée par le président Bush au lendemain des attentats de New York.
Mais c’est aussi là une promesse électorale de Donald Trump qu’il n’a eu de cesse de répéter et de concrétiser enfin à la veille de nouvelles élections américaines dont l’issue reste incertaine à ce jour. Le président américain a ainsi entre les mains, une autre carte qu’il ajoutera à toutes ses réalisations faites à ce jour et par lesquelles il tentera de convaincre encore une fois les électeurs américains à lui renouveler leur confiance.
Ainsi, on devine aisément que si le deal avec les talibans est un fait de politique internationale, il n’en demeure pas moins une carte de politique intérieur purement américano-américaine. Car même s’il est stipulé quelque part, dans cet accord, que les talibans sont dans l’obligation de respecter l’accord, pour ne pas voir les forces américaines revenir dans ce pays, il est bien évident qu’une fois partis, les yankees auront scellé le sort de l’Afghanistan et qu’il leur est impossible matériellement de se redéployer sur le terrain. Désormais, le conflit afghan les Américains s’en sont lavé les mains.
Il est clair ainsi que le problème devient ou redevient ce qu’il était dés le début, un problème entre afghans. D’ailleurs, l’accord signé à Doha stipule que des négociations interafghanes seront lancées le 10 mars prochain pour arriver à un arrêt complet des combats entre le gouvernement afghan et les talibans. Et c’est là, selon la majorité des spécialistes de la région, une tout autre paire de manches, car sur le terrain militaire les talibans ont une puissance de feu bien supérieure à l’armée régulière afghane.
En voyant de plus prés cet accord, on comprend que les choses reviennent en définitive au point zéro. Autrement dit, à l’avant 11 septembre 2001. Une situation qui règle une seule chose, la présence militaire américaine, mais qui fait entrer le pays dans une longue période de doutes et d’incertitudes, dont la finalité fait craindre le pire pour le peuple afghan.
Car, malgré les propos rassurants du président Mohammmed Ashraf Ghani, personne ne peut croire que les talibans pourraient du jour au lendemain croire en les vertus d’une démocratie qu’ils ont combattue toute leur existence.
Par Abdelmadjid Blidi