L’école constitue-t-elle la cible privilégiée des attaques perpétrées par des dealers s’en prenant aux écoliers en leur proposant leurs poisons ? Rien n’indique le contraire. Les différents rounds du procès, en appel, d’un dealer, révèlent une telle évidence. Il a été jugé et condamné en fin de semaine à 4 années de prison ferme.
Le mis en cause, un trentenaire, a été accusé d’appartenance à un groupe de malfaiteurs et commercialisation de stupéfiants tout près d’un établissement scolaire. Un lycée situé dans la localité de Gdyel à l’est de la wilaya d’Oran. L’accusé a été arrêté en flagrant délit de possession de pas moins de 200 comprimés psychotropes qu’il a soigneusement dissimulés dans ses chaussures. Ses démêlés avec la justice ont commencé le mois d’octobre de l’année dernière.
Les policiers en faction tout près du lycée de Gdyel, ont relevé des mouvements suspects dudit dealer ayant tenté de prendre la fuite en se rendant compte de la présence des policiers. Ces derniers, l’ont aussitôt rattrapé et passé à la fouille corporelle ayant abouti à la découverte de cette importante quantité de comprimés psychotropes.
Phénomène de société à prendre sérieusement en compte. La drogue dans et autour des établissements scolaires est un véritable fléau qui peut toucher de nombreux jeunes. Sa consommation en ce milieu d’éducation, prend des proportions alarmantes. Les stupéfiants ont déjà fait leur intrusion dans près de 400 établissements scolaires, soit 1% du total, selon les dernières statistiques de la cellule de lutte contre le trafic de stupéfiants.
Il est vrai que l’Algérie est loin d’être «dans la zone rouge», mais la consommation de narcotiques au sein de l’ensemble des segments de la société algérienne, tant en milieu urbain que rural, est en train de se transformer en une sorte de «montée vertigineuse» et l’école et l’université ne sont pas à l’abri de ce phénomène qui frappe la société. Les chiffres rendus publics en 2018 par l’Office national de lutte contre la toxicomanie sont alarmants.
En plus de la toxicomanie en milieu estudiantin qui prend de l’ampleur au niveau des universités du pays, les lycéens et les collégiens ne sont pas épargnés par ce fléau qui a atteint sa vitesse de croisière au niveau des établissements scolaires. Selon les statistiques de l’Office national de lutte contre la toxicomanie, la prévalence de la consommation du tabac a atteint 18,31% chez ces élèves, le cannabis est présenté chez cette catégorie de 03,61%, 2,35% boivent les boissons alcoolisées, 2,28% consomment les psychotropes et la cocaïne avec 1,45%.
Selon la même source, la prévalence de l’usage de cannabis et des psychotropes chez les filles scolarisées dans les CEM et lycées, a atteint, respectivement 0,54% et 0,42%.
Depuis 2010, l’Algérie avait mené des enquêtes globales nationales sur la prévalence de la drogue dans la société, qui ont touché toutes les catégories de la population entre 12 et 65 ans. Ces enquêtes ont été très bénéfiques du fait qu’elles ont permis de cerner les problèmes de la drogue dans la société et de mettre en place des stratégies équilibrées en matière de lutte contre l’offre et la demande de la drogue.
Ces enquêtes ont montré que l’usage de toutes sortes de drogues ne touche pas uniquement les hommes, comme on est tenté de le croire, mais il concerne tout autant les femmes et les jeunes filles. Face à cette situation dramatique qui fait que les adolescents, filles et garçons, s’adonnent de plus en plus à l’expérimentation des stupéfiants, les responsables de l’enseignement et la société civile se mobilisent pour combattre ce fléau. C’est à l’école que les jeunes ont l’opportunité d’apprendre les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour prévenir et réduire la consommation de drogues. Au cours de ces dernières années, plusieurs rencontres de prévention et de sensibilisation sont menées par la police, la gendarmerie, la protection civile et différentes associations et qui ont fait la démonstration de leur efficacité.
Mohamed Aissaoui