Le débat sur la mouture de l’avant-projet de la Constitution bat son plein. On n’est peut-être encore loin de la vitesse de croisière qui devrait seoir à un document aussi important dans la vie de toute nation, mais on aura remarqué que la plupart des forces vives de la nation se sont exprimées et s’expriment encore sur cette mouture. Mais il reste navrant que dans certains cas, ce débat a tendance à se muer en une multitude de polémiques souvent stériles et bien loin de servir l’intérêt général du pays.
Il est vrai aussi que nous vivons, par le truchement des réseaux sociaux et autres moyens de communication, dans une époque où les polémiques ont supplanté les vrais débats et les vraies discussions de fond, mais l’Algérie n’a pas besoin en ces moments précis de sorties de route qui n’arrangent que leurs manœuvriers qui ont fait le choix de servir leurs intérêts avant l’intérêt du peuple.
Pour une fois depuis de longues années ou peut-être même depuis l’indépendance, la Constitution est soumise à un grand débat qui n’exclue aucune partie du pays. Un progrès très significatif en soi et qui mérite qu’on le considère à sa juste valeur. Le débat se doit alors d’être dépassionné et de haute facture, pour enrichir cette mouture et sortir avec une Constitution qui consacrera pour toujours l’alternance au pouvoir et consacre toutes les libertés, sans toucher bien sûr aux fondements de la nation.
L’opportunité est grande pour se débarrasser de toutes ces dérives auxquelles nous avons assisté ces dernières années, et mettre le pays sur les rails d’une vraie démocratie à laquelle aspire le peuple et qui a été l’expression première du hirak qui a changé la destinée du pays.
Il ne s’agit certes pas d’accepter ce document tel qu’il a été mis en place par ses rédacteurs, mais de l’enrichir, de proposer, de discuter ses articles, de voir ce qui peut faire un large consensus et ce qui doit être rejeté. Mais tout cela doit se faire loin de certaines visées qui ne peuvent verser que dans la division et la désinformation. Et c’est ce que n’a pas manqué de rappeler le président du Comité d’experts chargés de formuler des propositions pour la révision de la Constitution, Ahmed Laraba, qui estime que les choses sont un peu sorties de leur cadre déplorant que « ce débat, notamment dans certains médias et réseaux sociaux, a dans de nombreux cas dévié de l’objectif escompté, à savoir l’enrichissement de la mouture ».
Il s’agit donc de revenir à l’essentiel et de sortir avec une Constitution la plus consensuelle possible et qui surtout, doit répondre à cette soif des Algériens de vivre pleinement leur démocratie et de voir leur aspiration de l’édification d’une nouvelle république prendre forme concrètement sur le terrain, et cela ne peut venir que d’un débat apaisé et totalement consacré au seul intérêt de l’Algérie.
Par Abdelmadjid Blidi