L’habitat précaire et illicite, il faut bien l’admettre, n’a pas encore cessé de proliférer ici et là, malgré tous les discours et les efforts visant à l’éradiquer définitivement. Il y a pourtant déjà prés de quinze ans que les gouvernants avaient annoncé que, seuls les occupants de bidonvilles recensés avant la fin de l’année 2007 seraient concernés par une opération de relogement. Il se trouve que ceux, nombreux qui sont dans des communes des wilayas voisines ou lointaines, ou dans des zones périurbaines d’Oran, voulant fuir le chômage et l’exclusion en allant habiter une baraque dans la grande ville, ne sont pas forcément découragés par ces annonces et instructions lancées par les pouvoirs publics sans grande conviction. Il y a six ans, la «stratégie» de distribution des fameuses décisions de préaffectation d’un logement neuf aux mal-logés, a non seulement accéléré la course et la ruée vers l’occupation des baraques illicites et des immeubles désaffectés inscrits à la démolition, mais a également renforcé le caractère mafieux de ce nouveau marché de transactions des parcelles de terrain et de constructions sauvages mises en vente par des énergumènes sans scrupules qui surfent sur le désarroi de familles en quête de toit décent. Mais qui profitent surtout du laxisme, et parfois de la complicité de certains acteurs installés dans les rouages de quelques administrations municipales en totale déstructuration. Très régulièrement, notamment durant les périodes hivernales, la presse locale se fait l’écho de cris d’alerte et de détresse de familles occupant des baraques inondées ou des immeubles qui risquent, selon eux, à tout moment de s’effondrer. A chaque fois, les squatteurs d’immeubles vétustes et les nouveaux occupants de bidonville clament haut et fort qu’ils sont sur les lieux depuis trois ou quatre décennies. Un mensonge qui ne peut être démenti par les gestionnaires et élus locaux ne disposant d’aucun fichier, d’aucune donnée sérieuse et crédible permettant de suivre et de maîtriser les mouvements de population dans leur collectivité. Par ailleurs, les conjonctures politique et sociale successives ne pouvaient que favoriser et renforcer le «laisser-faire et laisser-aller» devant éviter toute perturbation de l’ordre public par une flambée de colère inattendue. Pour consolider son maintien et sa reconduction aux commandes, le Pouvoir ne pouvait se dispenser de cette «stratégie» d’aide et d’assistance aux mal-logés et aux démunis, truffée d’incohérences, de discours populistes et de promesses mensongères inventées. Aujourd’hui, la rupture et le changement impliquent un retour aux normes et à la réalité d’un terrain devant être assaini des pratiques et des comportements hérités par des décennies de dérives et de non-gestion.
Par S.Benali