jeudi , 23 mars 2023

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Un seuil intolérable

Au lendemain d’un conseil des ministres, dont l’un des sujets importants a été les accidents de la route, voilà que la mort vient endeuiller d’autres familles algériennes dans un terrible accident survenu dans la commune de Mechroha (Souk Ahras). Tôt hier matin, un bus de voyageurs s’est renversé faisant 8 morts et 22 blessés, tous dans un état « critique ». Un bilan de morts qui risque de s’alourdir malheureusement.
Une situation qui devient de plus en plus insoutenable de par sa violence et sa répétition. A croire que c’est là, une fatalité face à laquelle on penserait qu’il n’y a quasiment rien à faire. Pourtant, le président de la République a martelé depuis son arrivée aux affaires que ce phénomène doit être sérieusement pris en charge. Et c’est effectivement ce qui semble être mis en place, puisque lors du dernier conseil des ministres, le ministre de l’intérieur a dressé un tableau sans complaisance sur la situation, révélant qu’en 2019, il a été enregistré 22.500 accidents qui ont entraîné la mort de 3200 personnes et blessé 31.000 autres. Des drames qui coûtent annuellement prés de 100 milliards de dollars.
Le ministre, tout en avançant que le facteur humain demeure la cause principale
de ces accidents dans 96% des cas, n’a pas manqué de critiquer les méthodes suivies jusque là pour réguler ce phénomène, affirmant sans détour ni démagogie que « toutes les mesures préventives et dissuasives prises pour juguler ce phénomène ont montré leurs limites,
d’où l’impératif de changements radicaux ».
Le président de la République a quant à lui, ordonné la prise de « mesures juridiques adéquates» pour « la criminalisation » du comportement des conducteurs de bus de transport public et scolaire en cas de « faute humaine par négligence, imprudence ou irresponsabilité ».
Des mesures qui ne doivent pas exclure aussi « les employeurs qui recrutent des conducteurs sans s’assurer, au préalable, de leur état de santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel ».
Il faut dire que les choses sont allées trop loin jusqu’à attendre un seuil intolérable qui exigeait une réaction au plus haut niveau. C’est ce qui semble s’engager cette fois, et pour la première fois dans l’histoire du pays. Peut être que nous sommes à la veille d’un tournant décisif dans la lutte contre ce phénomène qui a endeuillé des milliers de familles algériennes. Espérons alors que cette fois sera la bonne et que toute la hiérarchie des responsables concernés soit comptable de cette hécatombe qui n’a que trop duré.
Par Abdelmadjid Blidi