Ramadhan 2020 est annoncé. Jamais le mois sacré ne s’est présenté dans une ambiance sociale autant marquée par les inquiétudes, la peur et les interrogations, bien évidement liées à l’évolution de l’épidémie meurtrière du coronavirus. Le maintien, logique et nécessaire, des mesures de prévention et de sécurité sanitaire, notamment le confinement de la population dans les foyers et la fermeture de nombreux commerces, a fatalement provoqué des pertes d’emploi et de revenus pour de nombreux travailleurs, pères de familles modestes, mis au chômage par des employeurs parfois eux-mêmes désemparés. A Oran, comme ailleurs, des milliers de citoyens tirant leur revenu quotidien d’une quelconque activité informelle commerciale ou artisanale, souvent même illicite ou interdite, se retrouvent sur le carreau, sans aucune ressource pour assurer le pain et le lait à leur famille. Un seuil de détresse que personne n’aurait imaginé, mais qui n’empêche pas pourtant les uns et les autres, d’accueillir le mois de Ramadhan sacré avec la même ferveur et le même attachement aux valeurs de l’Islam qui prône, entre autres, la solidarité et la patience devant n’importe quel fléau pouvant menacer les croyants. Il est vrai que les pouvoirs publics ont pris de grandes mesures pour aider et assister un grand nombre de familles démunies ou en situation de détresse en raison du coronavirus. L’équipe de l’APC d’Oran, conduite par Noredine Boukhatem n’a pas cessé depuis plus d’un mois de parcourir les quartiers et les cités d’habitat pour cerner l’état des lieux et actualiser les listes des familles en difficulté. Une réunion extraordinaire de l’APC tenue samedi dernier, a permis d’adopter une délibération pour la révision à la hausse, de 6 000 da à 10 000 da, de l’indemnité accordée aux familles démunies à l’occasion du mois de Ramadhan, conformément aux instructions du Président de la République. Par ailleurs, les autorités locales ne cessent de rassurer les citoyens sur la disponibilité des denrées alimentaires, indiquant que toutes les mesures ont été prises pour alimenter le marché en produits de large consommation et à des prix abordables. Mais on sait, malheureusement, que la problématique réside surtout dans le grand nombre de citoyens plongés dans la précarité financière. Une situation qui, selon les observateurs avertis, risque de s’aggraver si les mesures de confinement ne sont pas progressivement «corrigées» afin d’autoriser la reprise de certaines activités. Une équation déchirante se pose aux gouvernants en cette veille du mois de Ramadhan: Entre l’urgente nécessité de lutter contre l’épidémie pour préserver la santé des citoyens et l’impératif absolu d’assurer à tous une vie décente et de protéger l’économie nationale déjà fragilisée et terriblement menacée, la solution semble bien ardue et difficile à mettre en œuvre.
Par S.Benali